Des groupes rebelles ont lancé vendredi une offensive majeure pour briser le siège imposé sur Alep par le régime syrien, dont l'allié russe a pour le moment écarté une reprise des frappes aériennes sur la ville.
L'ancienne capitale économique de la Syrie est un enjeu majeur pour le régime du président Bachar al-Assad comme pour les insurgés, qui s'affrontent depuis 2011 dans une guerre qui a fait plus de 300.000 morts.
Contrôler Alep --divisée entre des quartiers est tenus par les rebelles et des secteurs ouest aux mains du régime-- est en effet déterminant pour s'assurer le pouvoir dans le nord du pays.
L'offensive rebelle est partie de l'extérieur de la ville, côté ouest, avec l'appui de 1.500 combattants venus des provinces d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) qui attaquent les quartiers gouvernementaux sur un front de 15 km, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Toutes les factions de Jaich al-Fatah (une coalition de mouvements jihadistes et islamistes) annoncent le début de la bataille pour briser le siège d'Alep", a indiqué à l'AFP le commandant militaire et porte-parole du groupe islamiste rebelle Ahrar al-Cham, Abou Youssef al-Mouhajir.
La bataille "va mettre fin à l'occupation des quartiers ouest par le régime et au siège imposé à notre peuple dans Alep", a-t-il ajouté.
Dans la soirée, les groupes rebelles s'étaient emparés "de la majorité" du vaste quartier de Dahiyet al-Assad, au sud-ouest d'Alep, à l'exception d'un secteur proche d'une académie militaire, selon l'OSDH.
- 'Pas opportun' -
En réaction, l'armée russe a annoncé avoir demandé à Vladimir Poutine de pouvoir reprendre les raids aériens sur Alep, suspendus depuis dix jours, mais le président russe a jugé que ce n'était "pas opportun".
Selon le Kremlin, M. Poutine estime plutôt qu'il est "nécessaire de prolonger la pause humanitaire" à Alep.
Le régime syrien avait lancé le 22 septembre une offensive majeure pour s'emparer de la totalité d'Alep mais ses succès avaient été limités, malgré l'appui de l'aviation russe et des bombardements meurtriers qui ont fait environ 500 morts selon l'ONU.
Moscou avait ensuite annoncé l'interruption de ces frappes à partir du 18 octobre, alors que les Occidentaux dénonçaient "des crimes de guerre".
Dans le cadre de leur offensive sur la partie gouvernementale d'Alep, les rebelles ont tiré des "centaines de roquettes" sur les quartiers ouest de la ville, tuant 15 civil et en blessant plus d'une centaine d'autres selon l'OSDH.
Ces bombardements sont accompagnés de violents combats à la lisière des zones gouvernementales d'Alep, d'après l'Observatoire.
L'OSDH a fait état de nombreux tirs de roquettes sur l'aéroport militaire de Nayrab et l'aéroport international d'Alep, situés dans l'est de la ville mais contrôlés par le gouvernement.
"Le siège sera brisé. Nous allons protéger les civils, les écoles et les hôpitaux des attaques russes et on va apporter à notre peuple de la nourriture et des médicaments", a indiqué à l'AFP Yasser Al-Youssef, un responsable du groupe rebelle Noureddine al-Zinki.
- 'Zone d'exclusion aérienne divine' -
Les quartiers est de la ville, où vivent au moins 250.000 habitants, sont en état de siège depuis le 17 juillet, à l'exception d'une brève période en août.
Selon le correspondant de l'AFP dans la partie rebelle d'Alep, les habitants ont brûlé des pneus pour provoquer une fumée noire censée les protéger de possibles frappes aériennes mais beaucoup se sont éteints à cause d'une forte pluie qui entrave tout autant les opérations de l'aviation syrienne.
"C'est une zone d'exclusion aérienne divine", a ainsi commenté un rebelle d'Ahrar al-Cham.
Dans Alep-Est, des "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) s'échappaient vendredi de minarets et les habitants faisaient preuve d'optimisme.
"Grâce à Dieu, il a commencé à pleuvoir après le début de la bataille, je pense que c'est de bon augure", se réjouissait Emad Neenaai, la quarantaine.
De son côté, l'agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire, a indiqué que l'aviation syrienne avait mené des frappes sur les positions de Jaich al-Fatah dans les banlieues ouest et sud d'Alep, rapportant la mort "de plusieurs terroristes et la destruction de leur armement".
Réagissant vendredi à des tirs de roquettes rebelles sur une école d'Alep-Ouest qui avaient tué trois enfants la veille, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dénoncé une attaque qui "peut être considérée comme un crime de guerre si elle est délibérée".
Jeudi, M. Ban avait exigé une "enquête immédiate et impartiale" après la mort de 22 enfants et 6 enseignants dans des raids aériens contre une école de la province rebelle d'Idleb (nord-ouest), qu'il avait déjà décrit comme un possible "crime de guerre".
La crise syrienne sera par ailleurs au coeur d'une visite de la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini samedi à Téhéran, allié de Damas, et lundi à Ryad, qui soutient la rébellion.
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