Le sort des jeunes migrants à Calais était en voie de solution vendredi, une bonne centaine d'entre eux ayant finalement accepté d'être acheminés dans des centres spécialisés éloignés de la Côte d'Opale, après avoir erré pendant près de 48 heures aux abords des décombres de la "Jungle" en cours de démolition.
Peu avant 14H00, une cinquantaine d'entre eux, dont beaucoup de Soudanais, a ainsi embarqué à bord d'un car affrété par l'administration, à destination d'un centre d'accueil et d'orientation (CAO) dédié aux mineurs, a constaté un journaliste de l'AFP. Destination: Rouen, selon un haut-fonctionnaire.
Un autre bus est parti pour la région de Toulouse une demi-heure plus tard, puis un dernier vers les Côtes-d'Armor.
Ce sont cent migrants environ --96 selon une source, 120, dont sept majeurs, selon une autre-- qui ont quitté Calais vendredi.
De 20 à 30 migrants qui s'étaient agglomérés à ce groupe ne se sont pas présentés pour le départ.
Très fatigués, usés par l'attente et l'incertitude, ces réfugiés ont passé la mine réjouie le cordon de sécurité mis en place, certains se donnant l'accolade devant des bénévoles en larmes.
Abdel Bassi, Soudanais de 17 ans, est l'un des derniers à se laisser convaincre et partir. Il a tenu le compte de son temps passé dans la "Jungle": "cinq mois et douze jours".
Ce groupe s'était formé dans la nuit de mercredi à jeudi devant les portes du centre de transit, qui venait de fermer définitivement, dans l'espoir de passer en Angleterre.
Considérés pour certains comme trop âgés pour être des mineurs, et arrivés de fraîche date à Calais, ils n'avaient pas été admis dans les conteneurs du Centre d'accueil provisoire (CAP), jouxtant la "Jungle" et réservé aux mineurs qui se sont fait enregistrer pendant "l'opération humanitaire" mise en place de lundi à mercredi soir pour l'évacuation totale de la "Jungle".
Ces jeunes ont passé la nuit de mercredi à jeudi à la belle étoile, puis la suivante dans l'ancienne zone Sud de la "Jungle", notamment dans une église et une mosquée restées debout.
Mercredi, a expliqué la préfète Fabienne Buccio, "on a commencé à voir des migrants qui n'étaient pas ce qu'on appelle communément des migrants de Calais". "On a vu des voitures immatriculées en Belgique, aux Pays-Bas, déposer des mineurs", dénonce une source proche du dossier.
Les autorités françaises rappellent que depuis le 17 octobre, 1.451 mineurs ont été "mis à l'abri" en France, tandis que le Royaume-Uni a accepté d'accueillir 274 mineurs isolés. Elles répliquaient au gouvernement britannique qui, très critiqué outre-Manche pour son attitude dans ce dossier, avait appelé la France à protéger "comme il se doit" les migrants mineurs de la zone de Calais.
France Terre d'asile (FTDA) ayant recensé 1.291 mineurs sur la "Jungle", "on est allé au-delà de l'objectif", souligne la préfecture du Pas-de-Calais.
- La "Jungle" déblayée tout le week-end -
Des agents de l'Intérieur britannique toujours présents au CAP poursuivent l'examen de la situation de ces mineurs pour voir s'ils peuvent bénéficier des accords franco-britanniques sur le regroupement familial.
Des départs de jeunes du CAP vers l'Angleterre ont encore eu lieu vendredi matin. Dans ce centre, des centaines de mineurs vont et viennent sur des vélos, discutent avec animation, mangent un peu, improvisent des parties de foot.... Plusieurs fourgons de CRS veillent.
Vendredi matin, les travaux de déblaiement à grande échelle des tentes et abris suivaient leur cours. Ils doivent continuer tout le week-end pour s'achever lundi soir.
De très rares migrants erraient encore dans le bidonville. Selon la maire (LR) de Calais Natacha Bouchart, "1.000 migrants se sont dispersés dans les alentours en attendant que les choses se calment".
Selon la Cimade, 90 placements en rétention administrative ont été opérés depuis lundi. Depuis plusieurs mois, une trentaine de procédures d'accès en Centre de rétention administrative sont dressées chaque jour, a commenté une source sécuritaire.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, devait rencontrer dans l'après-midi des migrants de Calais dans un CAO, à Gelos, dans les Pyrénées-Atlantiques.
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