La sortie houleuse de Marco Verratti contre Marseille dimanche dernier (0-0) a mis en lumière le début de saison erratique du maître à jouer du Paris SG, qui se rend à Lille vendredi pour la 11e journée de L1 (20h45).
Remplacé à l'heure de jeu, l'Italien a d'abord parlé à son entraîneur Unai Emery, la main devant la bouche pour masquer ses propos, avant de s'adresser ostensiblement aux autres membres du staff sur le banc, gestes des bras à l'appui: "Mais c'est quoi ça ? Il dit que je suis mal; je suis mal?", ont cette fois capté les micros.
Un caprice de star, une rancoeur au grand jour? En tout cas une (nouvelle) pierre jetée dans le jardin du technicien espagnol après un premier tiers de saison mitigé, marqué par déjà deux défaites en L1 et un jeu peu emballant.
Verratti, chouchou du Parc des Princes prompt à se pâmer devant sa technique soyeuse et sa roublardise, symboliserait-il une forme de résistance rencontrée par la philosophie d'Emery ?
Le milieu de 23 ans incarnait de fait, plus que quiconque, le jeu à la Laurent Blanc, modelé sur celui du Barça et fondé sur une possession de balle assumée, confinant parfois au fameux "ronronnement", à l'image d'une attaque de handball.
- Influence en berne -
Il aime conserver la balle pour mieux la bonifier ensuite, passes longues ou passes courtes. Or Emery insiste sur un jeu plus direct, plus rapide vers l'avant. Pas le temps de ronronner. Cela expliquerait-il l'étonnant manque de précision de l'Italien dans ses ouvertures dimanche dernier?
Il a aussi pu accuser le coup, moralement, après le départ de Zlatan Ibrahimovic, sous les ailes duquel le "Gufetto" (petit hibou) était passé de sombre inconnu venu de Pescara en Serie B italienne à joueur majeur convoité par les plus grands clubs européens.
"Je suis content de Verratti, Marco est important pour l'équipe, a déclaré Emery jeudi. Il est meilleur qu'il y a un mois. D'abord physiquement, il s'est beaucoup amélioré. C'est un joueur qui a commencé la présaison plus tard que le reste de l'équipe, c'est important de bien gérer son physique".
"Il va améliorer son jeu: il est bien pour le moment, mais je crois qu'il va faire mieux à l'avenir", a-t-il aussi souligné.
Opéré en mai d'une pubalgie, qui l'a privé d'Euro, Verratti avait fait des bouts de matches encourageants en août puis a perdu le fil, perturbé par une blessure au mollet en septembre et affichant surtout une baisse d'influence dans le jeu parisien. Non pas en terme de statistique offensive (buts et passes décisives), domaine où il n'a jamais vraiment excellé, mais pour éclairer le jeu.
- Copain clopant -
Il a été baladé sur le terrain par Emery, qui l'a fait jouer meneur de jeu, milieu défensif axial, relayeur droit. Contre Bâle la semaine dernière, il avait été titularisé en sentinelle avant d'être replacé au bout d'une demi-heure à son poste de prédilection, à la Xavi, d'où il a plus de latitude pour orienter le jeu.
Mais même au sein du trio historique de l'entrejeu reconstitué (Verratti-Motta-Matuidi), l'Italien n'a pas retrouvé les clefs du jeu qu'il détenait auparavant.
Et le PSG a bien perdu son football, si l'on en croit Thiago Silva. A Lille, "on doit retrouver notre jeu, et retrouver le chemin de la victoire. C'est important, car nous sommes à six points de Nice. On ne veut pas les laisser s'échapper en tête du championnat", a dit le capitaine parisien sur le site du club mercredi.
Les malheurs de Verratti ont en tout cas réveillé la rumeur des transferts, selon la presse italienne, qui fait état d'un intérêt tenace de la Juventus pour l'international azzurro, qui s'est toujours dit supporter du club turinois.
Alors qu'une photo de "Marco" fumant une cigarette aux côtés de son copain Marquinhos circule désormais sur les réseaux sociaux, il a l'occasion, dès vendredi soir à Lille, de désintoxiquer l'atmosphère autour de lui.
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