cDe jeunes migrants erraient toujours vendredi aux abords de ce qui reste de la « Jungle » de Calais, désormais vidée de ses habitants, sur fond d'échanges aigres-doux entre Paris et Londres sur le sort des mineurs souhaitant se rendre en Grande-Bretagne.
Vendredi matin, une centaine de migrants, 107 se disant mineurs et 9 majeurs selon un comptage matinal de l'association britannique Care for Calais, étaient rassemblés dans la zone sud du campement rasée en mars.
Éloignés jeudi soir de la "Jungle" par les forces de l'ordre, ils ont passé la nuit là, notamment dans une église et une mosquée restées debout, selon les associations présentes sur place.
En fin de matinée, une quarantaine d'autres les avaient rejoints et les associations espéraient l'arrivée de cars à destination de centres d'accueil et d'orientation (CAO) pour mineurs, dans différentes communes de France. Depuis l'arrêt mercredi soir des admissions au Centre d'accueil provisoire (CAP) - des conteneurs qui jouxtent la "Jungle" -, 62 mineurs sont ainsi partis pour des CAO dédiés, selon la préfecture.
la plupart de ces jeunes hommes n'ont pas été mis à l'abri au CAP et rêvent toujours d'Angleterre. Ils ne s'étaient pas fait enregistrer à temps ou ont été refoulés car paraissant plus âgés.
Et, malgré la fin programmée du bidonville, des adolescents arrivaient toujours en fin de semaine, alors que "l'opération humanitaire" est close depuis mercredi soir. "Certains bénévoles font circuler largement des messages sur le thème: +Venez à Calais+", dénonce une source proche du dossier. "Et (jeudi), on a vu des voitures immatriculées en Belgique, aux Pays-Bas, déposer des mineurs. Du coup, les migrants sont déboussolés, on leur a dit: +Calais, c'est open space+".
Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies a "exhorté" vendredi "les autorités françaises à s'assurer de la sécurité et de la santé des enfants (présents) dans la +Jungle+".
Jeudi déjà, le gouvernement britannique, en écho à des critiques de son attitude portées par des associations, avait appelé la France à protéger "comme il se doit" les migrants mineurs de la zone de Calais. Les autorités françaises, "surprises", ont répliqué en évoquant les mineurs en attente au CAP, souhaitant "que le Royaume-Uni prenne rapidement ses responsabilités et accueille ces mineurs, qui souhaitent être transférés au Royaume-Uni".
Depuis le 17 octobre, 1.451 mineurs ont été "mis à l'abri" en France, tandis que le Royaume-Uni a accepté d'accueillir 274 mineurs isolés, ont-elles souligné. France Terre d'asile (FTDA) ayant recensé 1.291 mineurs sur la "Jungle", "on est allé au-delà de l'objectif", souligne la préfecture du Pas-de-Calais.
- la 'Jungle' déblayée tout le week-end -
Des agents de l'Intérieur britannique toujours présents au CAP poursuivent l'examen de la situation des mineurs enregistrés comme tels pour déterminer s'ils peuvent ou non passer Outre-Manche, notamment en bénéficiant des accords franco-britanniques sur le regroupement familial.
Des départs de jeunes du CAP vers l'Angleterre ont encore eu lieu vendredi matin. Parmi eux, deux jeunes Soudanais, sac au dos, emmitouflés dans des couvertures et bracelet du CAP au poignet. "Le CAP c'était très bien, on a dormi à l'abri, maintenant c'est parti pour l'Angleterre", assure l'un d'eux, en route pour le parking des bus.
Au CAP, des centaines de mineurs vont et viennent sur des vélos, discutent avec animation, mangent un peu, improvisent des parties de foot....Le tout encadré par plusieurs fourgons de CRS.
Vendredi matin, les travaux de déblaiement à grande échelle des tentes et abris suivaient leur cours. Ils doivent continuer tout le week-end pour s'achever "lundi soir", comme annoncé jeudi par la préfète, Fabienne Buccio.
De très rares migrants erraient encore dans le bidonville. Selon la maire (LR) de Calais Natacha Bouchart, "1.000 migrants se sont dispersés dans les alentours en attendant que les choses se calment". Elle a insisté sur la nécessité de maintenir les forces de l'ordre sur place pour "éviter que les campements reviennent".
Selon la Cimade, 90 placements en rétention administrative ont été opérés depuis lundi. Depuis plusieurs mois, une trentaine de procédures d'accès en Centre de rétention administrative sont dressées chaque jour, a commenté une source sécuritaire.
Les autorités ont à "gérer un moment délicat car on passe d'une opération humanitaire à un retour au droit commun", observe un haut fonctionnaire.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, doit rencontrer dans l'après-midi des migrants de Calais dans un CAO, à Gelos, dans les Pyrénées-Atlantiques.
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