Une remise en marche, à défaut d'un rebond spectaculaire: l'économie française est repartie de l'avant au troisième trimestre, notamment dans le secteur des services, à un niveau toutefois insuffisant pour combler le retard pris au printemps.
Selon une première estimation publiée vendredi par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,2% entre juillet et septembre.
Ce chiffre, conforme aux dernières prévisions publiées par l'institut statistique, évite à la France d'entrer en récession après le repli aussi brutal qu'inattendu de l'activité économique au deuxième trimestre (-0,1%).
Il reste néanmoins décevant au vu de la croissance du premier trimestre (0,6%, chiffre révisé à la baisse de 0,1 point) mais aussi de l'objectif du gouvernement, fixé à 1,5% cette année.
La France est "sur un sentier de croissance, même si elle est encore trop faible", a réagi le président, François Hollande. Dans une déclaration transmise à l'AFP, le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, a reconnu que l'objectif officiel de 1,5% de croissance cette année serait désormais "difficile" à atteindre.
Ce résultat ne remet toutefois pas en cause "la dynamique de reprise" et "ne change rien sur le front du chômage, qui baisse nettement, comme sur le front du déficit, qui recule et atteindra les objectifs fixés", a toutefois assuré le ministre.
- 'Surplace' -
La reprise a été entravée au deuxième trimestre par une série de facteurs exogènes, comme les intempéries ou le mouvement de grève contre la loi Travail, qui aurait coûté, selon l'Insee, 0,1 point de croissance à la France.
"Ce sont des événements ponctuels dont on peut dire et espérer qu'ils ne se reproduiront pas", a commenté Michel Sapin sur RTL, disant vouloir voir "le verre à moitié plein" dans les résultats du troisième trimestre.
Selon l'Insee, l'investissement des ménages a ainsi progressé lors du dernier trimestre (+0,8% après +0,4%), tandis que les exportations ont retrouvé un peu d'élan (+0,6% après +0,2%).
Ces aspects encourageants sont néanmoins contre-balancés par des facteurs négatifs, comme le nouveau recul de l'investissement des entreprises (-0,3%) et la stagnation de la consommation des ménages (biens et services confondus).
Le commerce extérieur, talon d'Achille de l'économie française, a pour sa part de nouveau pesé sur l'activité, en raison d'une forte hausse des importations (+2,2% après ?1,7%).
"Pour la consommation, c'est d'autant plus inquiétant qu'on voit mal comment elle pourrait accélérer", souligne Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture économique chez Xerfi, qui rappelle que "les effets positifs de la baisse du pétrole sur le pouvoir d'achat sont en train de s'estomper".
"Cela fait maintenant deux trimestres que l'économie française fait du surplace. C'est comme si quelque chose s'était cassé au printemps", ajoute l'économiste.
-'Mollasson' -
Selon l'Insee, l'acquis de croissance pour 2016 - autrement dit la progression annuelle du PIB en cas de croissance nulle au dernier trimestre - était de 1,1% à la fin du mois de septembre.
"Pour atteindre l'objectif de 1,5% fixé par le gouvernement, il faudrait une croissance de 1,2% au dernier trimestre. C'est totalement improbable", souligne Denis Ferrand, directeur de l'institut COE-Rexecode.
D'après l'Insee, qui a abaissé dans sa dernière note de conjoncture de 0,3 point sa prévision de croissance pour 2016, à 1,3%, la hausse du PIB au quatrième trimestre devrait ainsi se limiter à 0,4%.
"Pour une reprise, c'est mollasson", insiste M. Ferrand, qui s'inquiète des "faibles gains de productivité" enregistrés par l'économie française, de mauvais augure pour les trimestres à venir.
Outre l'Insee, plusieurs organisations internationales ont corrigé à la baisse ces derniers mois leurs hypothèses de croissance pour l'Hexagone, à l'image de l'OCDE (1,3%) ou bien du FMI (1,3%).
Si ce chiffre était confirmé, la France ferait à peine mieux cette année qu'en 2015 (1,2%). Elle ferait en outre moins bien que la moyenne de la zone euro (1,6%), pour la troisième année consécutive.
Malgré ces résultats décevants, le gouvernement a décidé jusqu'à présent de maintenir sa prévision de croissance pour 2017 à 1,5% du PIB. "Si on termine l'année à 1,2 ou 1,3%, ça sera très compliqué car on entrera en 2017 à petite vitesse", met en garde Denis Ferrand.
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