"L'appel à la grève des citoyens est pour le peuple: il s'agit de laisser les rues et les postes de travail vides (...) pour mettre la pression sur le gouvernement afin qu'il respecte la Constitution et notre droit à décider", a lancé l'opposition de centre droit, réunie au sein de la coalition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), via un communiqué.
En face, pour tenter de neutraliser la grogne, le chef de l'Etat a augmenté jeudi de 40% le salaire minimum, à environ 140 dollars par mois (salaire et bon d'alimentation).
Importante en apparence, cette hausse reste toutefois infime par rapport à l'inflation galopante dans le pays.
Le Venezuela vit l'une des pires crises économiques de son histoire, asphyxié par la chute des cours du brut, source de 96% de ses devises. Son inflation, stimulée par les pénuries, est devenue totalement incontrôlable: elle devrait atteindre 475% cette année selon le FMI puis exploser à 1.660% en 2017.
Soufflant le chaud et le froid, M. Maduro a aussi menacé de faire occuper les entreprises participant à la grève par l'armée ou les travailleurs.
L'armée, très puissante dans le pays, a apporté mardi son soutien au président en promettant, via le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, de "défendre avec sa vie" le projet socialiste et "le gouvernement légitime de Nicolas Maduro".
"Entreprise qui s'arrête, entreprise récupérée par les travailleurs et la révolution (...) Je ne tolérerai aucun type de conspiration", a-t-il prévenu. Quelque 700 entreprises doivent être inspectées par les militaires, a annoncé le président.
La grève débutera à 06H00 locales (10H00 GMT) et prendra fin à 18H00 (22H00 GMT).
- Échauffourées -
Signe de la tension ambiante, des échauffourées ont éclaté jeudi aux abords de l'Assemblée nationale entre des partisans du gouvernement et les forces de l'ordre.
Ce mouvement social fait partie de la stratégie de l'opposition pour riposter au gel par le Conseil national électoral (CNE) du processus de référendum en vue de révoquer le président. Ce mécanisme, long et complexe, aurait justement dû entrer cette semaine dans sa dernière ligne droite avec un ultime recueil de signatures.
Ragaillardie par la large mobilisation de mercredi, où des centaines de milliers de personnes à travers le pays ont défilé contre le président vénézuélien, les antichavistes (du nom de l'ex-président défunt Hugo Chavez, 1999-2013) veulent placer Nicolas Maduro au pied du mur.
Une "marche pacifique" doit s'élancer jeudi prochain vers le palais présidentiel de Miraflores, une destination très symbolique: le 11 avril 2002, une manifestation s'y rendant avait viré au coup d'Etat et délogé le président Hugo Chavez durant trois jours.
Le but de cette nouvelle mobilisation: signifier au président le résultat du vote du Parlement, prévu juste avant, sur la procédure lancée à son encontre pour "manquements au devoir de sa charge". La MUD étant majoritaire à l'Assemblée nationale, ce résultat fait peu de doute.
L'opposition exige le départ de Nicolas Maduro, élu en 2013 et dont le mandat expire en 2019, le jugeant notamment responsable de la crise économique.
Nicolas Maduro, a donc battu le rappel de ses soutiens pour "faire échec au putsch parlementaire". "L'histoire des coups d'Etat, on la connaît par coeur", a-t-il ajouté.
Toutefois, la portée de la procédure initiée par le Parlement contre le président n'est pas claire, le Tribunal suprême de justice (TSJ) ayant bloqué tous les projets de loi de l'Assemblée nationale depuis qu'elle a basculé dans l'opposition en janvier, mettant fin à 17 ans d'hégémonie chaviste.
En outre, M. Maduro ne reconnaît plus le Parlement. Le TSJ a déclaré également l'Assemblée nationale en infraction car elle compte dans ses rangs trois députés soupçonnés de fraude.
Si le procès en destitution n'existe pas en tant que tel dans la Constitution vénézuélienne, la procédure pour "manquements au devoir de sa charge" y figure bien, soulignent les juristes.
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