En fin de journée, les forces de l'ordre avaient bloqué quelque 120 migrants à proximité de l'ancien camp, les empêchant d'y entrer de nouveau. Des militants de l'ultra gauche No Border s'étaient mêlés à eux, selon une source policière.
Puis, finalement, menée par des associations, la centaine de migrants, dont visiblement un bon nombre de mineurs, s'est dirigée, balluchons à la main, vers le sud de la +Jungle+, où ils ont investi des anciens lieux de vie pour la nuit.
"On ne peut pas dire que l'opération est terminée s'il y a encore du monde. L'Etat a des obligations envers ces migrants qui sont mineurs pour beaucoup", a affirmé Anne-Lise Coury, coordinatrice MSF.
Dès 08H30 jeudi, les pelleteuses étaient entrées en action pour raser le bidonville pour éviter tout "appel d'air", a expliqué la préfète Fabienne Buccio, car "on a commencé à voir arriver des migrants d'Allemagne, de Paris et d'ailleurs". Ces travaux seront terminés "lundi soir".
Entre 6.400 et 8.100 personnes y vivaient encore la semaine dernière, principalement venues d'Afghanistan, du Soudan et d’Érythrée. Au total, 6.000 migrants, selon la préfète, sont "passés par le sas" installé lundi au début de l'opération d'évacuation et fermé mercredi soir.
- 'Eviter les squats' -
Jeudi, huit bus sur les dix mis en réserve, transportant en tout 226 majeurs et 16 mineurs, sont encore partis de Calais, selon Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).
Des associations, dont L'Auberge des migrants et le Secours catholique ont, elles, affirmé qu'entre 2.000 et 3.000 migrants ayant fui la "Jungle" se sont ré-installés ailleurs, dans le Calaisis ou à Paris, destination confirmée par la police aux frontières (PAF).
Selon le ministre, depuis début 2016, "près de 2.000 migrants irréguliers ont été reconduits aux frontières à partir de Calais.
"Il faut impérativement éviter la reconstitution de squats. Il sera inacceptable que les Calaisiens ne se retrouvent à nouveau dans une situation insupportable qui n’a que trop duré", a affirmé de son côté la maire de Calais, Natacha Bouchart, dans une lettre ouverte aux Calaisiens.
- Lande fantôme -
Jeudi matin, peu avant le début du déblaiement, une centaine de migrants s'étaient massés devant le centre de transit. Ils se disaient tous mineurs, dans l'espoir d'être accueillis en Grande-Bretagne.
Mais ce sas est désormais fermé "et ne rouvrira pas", a martelé la préfète, car "nous n'avons pas vocation à devenir un sas d'entrée vers tous les CAO (centres d'accueil et d'orientation) de France". A l'extérieur du centre de transit, certains ont dormi dehors par grand froid.
S'ils ont pris cette décision, c'est aussi "parce qu'il n'y a pas de place" dans les conteneurs chauffés du Centre d'accueil provisoire (CAP), en bordure de la "Jungle", réservé désormais aux mineurs, s'est plaint Abdelhadi, Afghan de 16 ans.
Il contient 1.500 places mais affiche complet depuis mercredi et une quarantaine de mineurs ont dormi devant son entrée principale... "Une minorité", tempère la préfète.
Sur ce sujet "nous poursuivons les discussions avec les Britanniques", en vue de leur admission dans ce pays, a déclaré M. Cazeneuve. De son côté, le gouvernement britannique a appelé la France à protéger "comme il se doit" les mineurs toujours bloqués dans la zone de Calais.
Les ministres français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et du Logement, Emmanuelle Cosse, ont fait part en soirée de leur "surprise" dans un communiqué commun.
Depuis le 17 octobre, et durant le démantèlement de la "Jungle" de Calais, 1.451 mineurs ont ainsi été "mis à l'abri" en France, tandis que le Royaume-Uni a accepté d'accueillir 274 mineurs isolés, ont-ils souligné.
"Les ministres français souhaitent (...) que le Royaume-Uni prenne rapidement ses responsabilités et accueille ces mineurs, qui souhaitent être transférés au Royaume-Uni", conclut le communiqué.
Quant à la "Jungle", elle ressemblait à une ville fantôme seulement arpentée par quelques mineurs, jonchée de débris et de carcasses d'objets divers après les incendies de mercredi. Quelques migrants ont pourtant dormi là, comme cet Afghan, dans sa caravane: "Je n'ai pas peur de la police", lance-t-il, bravache.
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