Venant depuis une vingtaine d'années en France, Amma est jusqu'à vendredi soir dans le nord de Paris, où quelque 8.000 personnes sont attendues chaque jour pour recevoir le "darshan", son étreinte, symbole de compassion. Elle poursuivra ensuite sa tournée européenne à Barcelone, Milan et Munich.
Né en 1953 dans l'état du Kerala, Sri Mata Amritanandamayi Devi ("Amma"), qui a pris pour habitude d'étreindre les gens dès l'adolescence, est considérée comme un mahatma (une grande âme). Sa réputation a franchi les frontières à la fin des années 80.
Vêtue d'un sari blanc, elle console les gens, qui s'agenouillent devant elle, leur offre des fleurs ou des fruits. Ils en ressortent souvent bouleversés, parfois en larmes ou au contraire le sourire aux lèvres.
Pour Marie, venue de Bretagne pour l'occasion, l'expérience est de l'ordre de la révélation. "Quand Amma m'a prise dans ses bras, j'ai reçu tellement d'amour, j'ai eu l'impression de ne plus avoir de carences", explique cette femme de 65 ans qui dit être passée par un "burn out" dans le passé. Elle se déplace chaque année pour aller à la rencontre d'Amma comme beaucoup de ceux qui la suivent depuis longtemps.
Familles, personnes âgés, jeunes, couples... Le public est très varié. "C'est vraiment équilibré, il y a tous les milieux sociaux, toutes les religions alors qu'au début, c'était surtout les gens en quête de spiritualité, ceux qui pratiquent le yoga et la méditation", indique Elisa Rimbaud, qui s'occupe de la communication d'Amma en France.
- 'le langage du coeur' -
"Il y a des gens qui cherchent à comprendre, moi ça me touche", explique Nadia, 42 ans, une ancienne catholique convertie à l'hindouisme. Elle s'est depuis rendue au Kerala, où Amma a un immense ashram (lieu de retraite).
"Ca n'a rien à voir avec la religion, c'est le langage du coeur", renchérit Arnaud, 53 ans, qui travaille dans le développement personnel. "Pour moi, venir voir Amma, cela fait partie du cursus", plaisante-t-il, drapé dans sa pashmina.
Le succès d'Amma tient beaucoup au bouche à oreille même si elle a bénéficié de coups de projecteurs, grâce à deux films réalisés par des Français: "Darshan - l'étreinte" (2005) de Jan Kounen ("99 francs") et "Un + une" (2015) de Claude Lelouch, un film romantique se déroulant en Inde où elle joue son propre rôle.
Le réalisateur d'"Un homme et d'une femme" a même assisté l'an dernier à une cérémonie d'Amma, qu'il considère comme "l'être humain le plus complet" qu'il ait rencontré.
Autres raisons de ce succès: les oeuvres caritatives d'Amma, dont l'ONG "Embracing the world" qui revendique des soins médicaux apportés à plus de 4 millions de personnes, gère des orphelinats, offre des formations et construit des maisons en Inde.
"Tout ce qu'elle fait dans l'associatif me touche. On y voit une conscience, un dynamisme", estime Paul, un tout jeune ostéopathe de 24 ans, qui attend avec impatience son premier "darshan" depuis 06h30 du matin.
Dans l'immense hangar de la porte de la Villette, les oeuvres caritatives d'Amma sont fortement représentées et se mêlent aux stands vendant des bracelets indiens, des châles ou ses ouvrages. Des urnes sont à disposition pour faire des dons.
Un "immense supermarché" et une force de frappe qui fait tiquer certains. "Il y a beaucoup d'interrogations sur ce qu'il y a derrière, notamment sur les aspects financiers" de ce mouvement, souligne à l'AFP Serge Blisko, à la tête de la Miviludes, la mission de vigilance contre les dérives sectaires.
Malgré ces réticences, Amma continue d'engranger les distinctions et d'être invitée un peu partout comme un dignitaire. Fin 2014, elle était au Vatican, aux côtés du pape François et d'autres chefs spirituels, pour signer une déclaration universelle contre l'esclavage.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.