C'est un trésor qu'il a choyé et fait éclore. Au cours des recherches qu'il réalise sur la musique composée dans les camps de concentration, Hélios Azoulay, musicien rouennais, découvre un opéra inachevé signé Viktor Ullman. Hasard de l'Histoire, ce compositeur juif, déporté à Terezin, a écrit une pièce sur Jeanne d'Arc, intitulé 30 mai 1431, date de sa mort à Rouen.
Une découverte immense
"C'est une découverte immense, quelque chose de vraiment extraordinaire, s'enthousiasme l'artiste. L'oeuvre d'Ullman porte à la fois une dimension poétique et politique. Elle montre que Jeanne d'Arc n'appartient finalement pas à une religion particulière et met en avant le côté résistant du personnage."
La pièce est écrite, mais seules deux pages de musique sont composées. Les premières notes ont été publiées dans L'enfer aussi a son orchestre, livre qu'Hélios Azoulay a fait paraître en 2015. "Le travail historique était fini, mais il y avait un déséquilibre entre le livre achevé et la musique, dont seulement une minute 20 était enregistrée. La logique voulait qu'on termine l'oeuvre."
La terminer mais comment ? "Les pages écrites par Ullman m'ont servi de matière brute, mais je ne prétends pas écrire à la manière d'Ullman, ce serait impossible. Il fallait faire une nouvelle oeuvre. Le fragment - une musique très dense, un peu solennelle, avec beaucoup de noblesse - se retrouve partout, comme un détail qui appelle un monde et se démultiplie à l'infini. "
De larges soutiens
Poussé par le succès du financement participatif lancé pour ce projet, Hélios Azoulay compose. "On pourrait croire que Jeanne d'Arc est un personnage presque ringard, pourtant des jeunes comme des académiciens ont participé au financement du projet."
Parmi ces soutiens, un geste a particulièrement bouleversé le compositeur. "24 heures seulement après les attentats de Bruxelles, la fondation Auschwitz (au coeur de la capitale belge) a fait don de la totalité de la somme qu'il manquait. Ce geste m'a vraiment ému."
La musique comme outil de transmission
Début octobre, il entre donc en studio. Une partie des musiciens - un quator de cordes - a déjà enregistré son travail. Les prochaines sessions suivront en novembre pour une sortie de l'album prévue le 12 janvier 2017. Un concert sera donné pour l'occasion au mémorial de la Shoah. Un événement inédit pour l'institution qui "pour la première fois de son histoire considère que la musique peut être un outil de transmission", souligne Hélios Azoulay.
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