La directrice de l'EHPAD Letavernier-Pitrou, situé à Argences (Calvados), au sud-est de Caen, comparaissait devant le tribunal de grande instance de Caen, le jeudi 20 octobre 2016, pour répondre d'un homicide par imprudence.
Une pensionnaire gravement brûlée
Le samedi 16 janvier 2016, une pensionnaire de la maison de retraite, âgée de 74 ans, se brûle très gravement avec de l'eau chaude. Les brûlures du 2e et 3e degré sont situées au torse, aux seins, et aux bras. Elle est transportée à l'hôpital, dès que le personnel soignant se rend compte de l'accident.
Cuvette dans le lavabo
La victime, atteinte de démence mentale, exige une sérieuse surveillance. Ce jour-là, seule dans sa chambre, elle ouvre à fond le robinet d'eau chaude du lavabo de sa salle de bains. Une cuvette, servant aux toilettes au lit, y est remisée. Le lavabo n'a pas de bonde. La vieille femme, coincée, est aspergée d'eau à plus de 50°.
Elle décède après plus de deux mois de souffrance
Les soins, extrêmement douloureux, durent deux heures par jour. L'état général s'altère. La patiente déclenche une pneumonie et une ischémie de la jambe gauche. Mise en soins palliatifs, sous morphine, elle décède le 15 mars 2016, après plus de deux mois de souffrances ininterrompues. Le rapport médical reconnaît que les brûlures ont pu être à l'origine du processus de dégradation.
La réglementation exige, par une circulaire ministérielle, que l'eau soit maintenue à une température de plus de 50°, en prévention de la légionellose. Il a d'ailleurs été recensé, en France, plus de 3500 cas de brûlures en un an.
Le fils accuse la directrice d'absence d'humanité
Pour le fils de la victime, ce procès a lieu pour que sa maman retrouve sa dignité. N'ayant réussi à rencontrer la directrice que quatre jours après l'hospitalisation, il l'accuse de manque d'humanité. En ce qui concerne l'accident, il estime qu'elle a failli à ses obligations, devant se montrer garante de la sécurité sanitaire et de la santé de ses résidents. 5000 euros de dommages et intérêts sont demandés.
"Manque de compassion" pour le président
La prévenue a la charge administrative de deux établissements - le second se trouvant à Troarn (Calvados). En tant que gestionnaire, elle ne se considère pas responsable de la partie médicale. L'affaire, délicate, est mise en délibéré au 15 décembre 2016. Le président conclura: "Madame, vous n'avez, durant cette audience, rien trouvé à dire au fils de la victime. Ceci, à mon sens, démontre de votre part un manque de compassion".
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