"Nogent-le-Rotrou ? Je ne connais pas, je ne connais rien sur cette ville", dit Fahim, 26 ans. Une commune de 10.000 habitants, à 130 km au sud-ouest de Paris, au coeur du Perche.
"Nous avons eu le choix entre deux villes possibles, mais on ne connaissait ni l'une ni l'autre. Alors? On a choisi au hasard", ajoute le jeune homme accompagné de deux de ses amis, rencontrés dans la "Jungle" où il a vécu pendant neuf mois.
En fait, "ce n'est pas très important, le plus important c'est de quitter Calais", dit-il en cherchant la destination sur son téléphone. "Hum.. je ne voyais pas ça là", dit seulement Fahim qui n'a qu'un petit sac à dos rouge en guise de sac de voyage.
"Bye bye Calais", disent les migrants, quand ils passent devant la "Jungle" en bus. La tête collée à la fenêtre, ils font un signe de la main en guise d'au-revoir en suivant du regard ce bidonville où ils ont vécu pour certains pendant plusieurs mois.
"C'est une grande ville Nogent ?", s'inquiète de son côté Khan, un Pakistanais de 24 ans, qui demande à un journaliste de lui montrer la ville sur une carte de France.
- 'Ca va être la surprise' -
Dans le bus, seul Gama, un Soudanais de 27 ans, semble avoir choisi sa destination consciencieusement. "Je connais Nantes et ce n'est pas très loin, j'y suis déjà allé plusieurs fois, j'ai des amis là-bas!", explique le jeune homme qui fait la queue depuis 8H00 pour monter dans ce bus.
"La vie dans la +Jungle+ était dure, je suis très content de quitter Calais, maintenant je pense que je vais commencer une nouvelle vie", poursuit Gama. "La ville en elle-même, je ne connais pas, ça va être la surprise, c'est bien les surprises parfois..."
Le trajet se déroule dans le calme, les discussions des migrants se mêlent aux variétés françaises qui s'enchaînent à la radio.
"Dans la +Jungle+, on vivait dans la boue, il y avait toujours des bastons. La ville où on va, je ne la connais pas, mas je pense que ce sera toujours mieux que ça", lance, résigné, Mohammed, un Soudanais de 20 ans. "C'est un nouveau départ, d'abord, je dois avoir des papiers, après je veux aller à l'université. C'est ma nouvelle vie qui va commencer", ajoute le jeune homme.
Après plus de six heures de route, l'autocar arrive à 23H30 à Nogent-le-Rotrou où les 26 migrants sont accueillis dans une paroisse de la ville par la ministre du Logement Emmanuelle Cosse et des associatifs.
"Les choses vont se faire au fur et à mesure, mais déjà, les mettre en confiance, leur donner un toit, leur permettre de se laver, de se nourrir, va permettre" à ces personnes de "se sentir en confiance pour se projeter vers la suite", déclare la ministre à leur arrivée.
- 'Une vie normale' -
Avant de réagir une nouvelle fois aux "violences" commises contre les centres qui doivent accueillir les migrants de la "Jungle": "C'est inadmissible que des gens puissent s'attaquer à la lutte contre la précarité", dit-elle appelant à un "sursaut républicain".
Après avoir donné leur identité et fait un point sur leur situation administrative, les migrants découvrent leur appartement situé dans des blocs d'immeubles des années 70. Ils y vivront en collocation à quatre ou six.
"C'est vraiment bien, j'ai une nouvelle maison !" s'exclame sourire aux lèvres l'un d'eux, en tapotant le lit superposé où il va passer la nuit.
"Nous avons équipé les logements pour qu'ils aient tout pour reprendre une vie normale", explique Alex Deseez, membre de l'association GIP Relais Logement, chargée de trouver ces appartements.
Le CAO de Nogent-le-Rotrou fait partie des 287 Centre d'accueil et d'orientation disséminés en France pour accueillir les migrants de la "Jungle" de Calais dont le démantèlement a débuté lundi.
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