La semaine écoulée installe presque l'idée d'une opposition à fronts renversés pour clore en majesté la 10e journée de L1, entre cet OM en manque de résultats mais au moral regonflé, et un PSG bien portant en championnat et en Ligue des champions, mais au jeu brinquebalant.
Sauf que seul le terrain comptera, et que les effectifs y restent les mêmes d'une semaine à l'autre, bâtis d'un côté sous le signe des millions de gazo-dollars qataris depuis 2011, et de l'autre sous celui des vaches maigres des dernières années Louis-Dreyfus.
Le classement actuel en témoigne : le PSG, quadruple champion en titre, squatte le haut du tableau avec Nice et Monaco quand l'OM, privé d'Europe pour la troisième année de suite, n'en a toujours pas fréquenté le top 10 cette saison.
Et que dire du passé récent : le club de la capitale a gagné les dix dernières confrontations contre son rival, toutes compétitions confondues. Au Parc des Princes, il a remporté les six derniers clasicos de L1 en inscrivant à chaque fois deux buts, contre un ou aucun.
Bref, il y a clairement un favori parisien et un outsider marseillais. Oui, mais...
- Urgent Garcia -
Les Marseillais, habitués à hausser leur niveau de jeu dans les clasicos, ont connu une semaine appelée à faire date dans l'histoire de leur club, avec la reprise en main officielle par l'homme d'affaires américain Frank McCourt et la nomination de Rudi Garcia à la tête de l'équipe, en remplacement de Franck Passi.
A moyen terme, il y a la promesse d'un investissement de "200 millions d'euros sur quatre ans, et plutôt sur les deux premières années", a dit le nouveau président, Jacques-Henri Eyraud, sans entrer dans le détail. De quoi dégager l'horizon phocéen par-delà le clasico et quel que soit son résultat.
A court terme, il y a l'espoir d'un choc psychologique assuré par un entraîneur auréolé de son doublé Coupe-Championnat en 2011 avec Lille et de son expérience, avec l'AS Rome, à concurrencer la puissante Juventus Turin.
Garcia (52 ans) présente un profil alléchant, entre son goût du jeu offensif, ses états de service question résultats et sa capacité à galvaniser ses joueurs. Lesquels voudront forcément faire leurs preuves.
"Il va falloir que j'aille vite pour connaître les joueurs, les connaître humainement aussi, derrière chaque joueur il y a un homme", a-t-il avancé vendredi : à peine est-il arrivé sur le Vieux-Port qu'il doit déjà monter à la capitale avec ses nouvelles troupes.
Et elles sont souffreteuses, avec en neuf matches un bilan de trois victoires seulement, infligées aux seconds couteaux Lorient, Nantes et Metz, et un seul point récolté à l'extérieur...
- Problèmes de riche -
Au PSG, on a des problèmes de riche, symbolisés par la mise au banc d'Hatem Ben Arfa, ou deux façons de voir le verre.
A moitié plein : après avoir touché le fond à Toulouse (revers 2-0 le 23 septembre), le PSG a enchaîné quatre victoires, reste au contact de l'inattendu leader niçois en L1 et en course pour la tête de son groupe en Ligue des champions. Et Edinson Cavani a étouffé les sarcasmes sous une pile statistique (13 buts en 11 matches toutes compétitions confondues).
A moitié vide : la leçon de football administrée à Bordeaux (2-0) début octobre a pris rétrospectivement la forme d'une parenthèse enchantée entre des succès beaucoup plus laborieux (Ludogorets Razgrad 3-1, Nancy 2-1, Bâle 3-0), où des sans-grade ont sérieusement bousculé les Parisiens.
Mercredi, en C1, des cadres ont confirmé leurs flottements actuels (Thiago Silva, Di Maria, Verratti) et l'entraîneur Unai Emery n'a toujours pas réussi à chasser les doutes, avec un jeu moins dominateur que sous Laurent Blanc et des jokers déjà grillés (deux défaites en neuf matches de championnat, soit autant que toute la saison dernière en L1).
Emery contre Garcia, c'est aussi l'opposition entre un entraîneur espagnol venu en France et un entraîneur français d'origine espagnole. Nouvel air, vieux clasico.
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