Cette nouvelle poussée de fièvre du pays sud-américain, où la crise politique se double d'une grave crise économique, a été engendrée par l'annonce jeudi de la suspension de la collecte de signatures, étape préalable à l'organisation d'un vote pour ou contre le maintien de M. Maduro à la présidence, poste qu'il occupe depuis 2013 à la mort d'Hugo Chavez.
Le Conseil national électoral (CNE), que l'opposition accuse de collusion avec le gouvernement, a évoqué des fraudes commises par l'opposition pour justifier la suspension.
"Il y a eu un coup d'Etat au Venezuela, on ne peut pas appeler cela autrement. L'heure est venue de défendre la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela", a lancé vendredi, hors de lui, Henrique Capriles, farouche opposant à M. Maduro et figure de la Table pour l'unité démocratique (MUD) de centre droit.
L'opposition, a-t-il précisé, va organiser dimanche une "séance extraordinaire de l'Assemblée nationale où des décisions seront prises".
Dans la journée, Lilian Tintori, épouse d'une figure de l'opposition de centre droit, Leopoldo Lopez, actuellement emprisonné, avait appelé à manifester samedi. Un appel repris à son compte par Henrique Capriles, qui a fixé à mercredi une "mobilisation dans tout le pays".
"Nous allons reprendre le Venezuela pied à pied", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
Devançant ces appels, des centaines d'étudiants sont descendus vendredi dans les rues de Caracas, appelant à la révocation du président.
La collecte de signatures d'électeurs était la dernière étape pour la Table pour l'unité démocratique, majoritaire au Parlement, avant de pouvoir organiser un référendum révocatoire contre le chef de l'Etat socialiste.
Il fallait pour cela, les 26, 27 et 28 octobre, réunir quatre millions de signatures, soit 20% de l'électorat, après une première étape où il avait déjà fallu en rassembler 1%.
S'exprimant vendredi aux côté d'Henrique Capriles, Henry Ramos Alup, président du Parlement, a annoncé que des représentants de l'opposition se rendraient au siège de l'Organisation des Etats américains (OEA) à Washington prochainement pour demander au secrétaire général de l'organisation, Luis Almagro, qu'il applique la Charte démocratique de l'OEA. Ce texte autorise l'organisation à intervenir diplomatiquement contre l'un de ses Etats membres s'il est considéré qu'une crise constitutionnelle y menace la démocratie.
"Aujourd'hui, nous sommes plus convaincus que jamais de la rupture démocratique au #Venezuela. Il est temps de prendre des mesures concrètes @OEA_oficial", a écrit vendredi Luis Almagro sur son compte Twitter.
"Seules les dictatures dépouillent leurs citoyens de leurs droits, ignorent le pouvoir législatif et ont des prisonniers politiques", a-t-il asséné.
- Le spectre de la violence -
Une autre décision de la justice jeudi a porté un coup à l'opposition, avec l'interdiction de sortie du territoire qui pèse désormais sur huit opposants, dont Henrique Capriles et Jesus Torrealba, secrétaire exécutif de la MUD.
Jusqu'à présent, la stratégie des antichavistes a été d'organiser manifestation sur manifestation, avec plus ou moins de succès, alors que la population se décourage et craint des débordements violents.
"La suspension du référendum augmente les risques de manifestations de déstabilisation au Venezuela", qui peuvent "dégénérer en violence" et entraîner une répression militaire, prévient Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet britannique IHS.
Le pays sud-américain a sombré dans une profonde crise politique, avec des affrontements incessants entre gouvernement et opposition.
La MUD accuse M. Maduro d'être responsable du naufrage économique de ce pays pétrolier asphyxié par la chute des cours du brut, son unique richesse - il possède les plus importantes réserves au monde et tire 96% de ses devises du brut.
Les Vénézuéliens sont confrontés à des files d'attente interminables dans des magasins de plus en plus vides - quasiment tous les aliments sont importés -, à une inflation estimée par le Fonds monétaire international à 475% cette année, puis 1.660% en 2017, et une criminalité parmi les plus élevées au monde.
L'impopularité du président socialiste, dont le mandat expire en 2019, atteint des niveaux record. Selon un sondage de l'institut Datanalisis, 76,5% des habitants désapprouvent son action et 62,3% se disent prêts à voter sa révocation.
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