Voici quelques uns des paramètres qui détermineront la durée des combats.
L'EI veut elle défendre la ville que coûte que coûte ?
Tous les scénarios sont possibles, entre une volonté jihadiste de résister jusqu'à l'épuisement des forces irakiennes, jusqu'à un retrait tactique relativement rapide permettant de préserver les forces vives combattantes des jihadistes.
Un scénario intermédiaire est que l'EI retire une bonne partie de ses cadres expérimentés (les anciens militaires irakiens par exemple) et ses combattants locaux, pour laisser les jihadistes étrangers mener leur ultime combat, occasionnant le maximum de dégâts.
La valeur militaire de ces combattants étrangers n'est pas forcément très importante. "S'ils ne sont pas commandés, il font n'importe quoi", affirme un militaire bon connaisseur du dossier. "Je ne vois pas pourquoi ils défendraient jusqu'au bout une terre qui leur est étrangère".
Mais avant d'être éliminés, ils peuvent provoquer des opérations suicides destructrices et meurtrières.
Fin 2015, l'offensive pour reprendre Ramadi a duré des mois, et la ville a été largement détruite par les bombardements de la coalition et les combats. Fallouja, bastion sunnite siège de combats meurtriers entre forces américaines et insurgés pendant la décennie précédente, est tombée mi-2016 avec beaucoup de moins de résistance qu'attendue. Dans d'autres cas, comme à Dabiq (Syrie) la semaine dernière, l'EI a clairement fait le choix de se retirer sans combattre.
Quels sont les atouts de l'EI ?
L'EI a eu 2 ans pour préparer la défense de la ville où elle a proclamé en 2014 son "califat". Snipers, tunnels, talus, mines ou redoutables pièges explosifs, tas de pneu prêts à être enflammés pour obscurcir le ciel et aveugler les moyens aériens de la coalition, tout l'arsenal de la guérilla urbaine est prêt à être utilisé.
"On peut penser que toutes les routes menant à Mossoul sont parsemées d'engins explosifs improvisés" (IED), ces mines artisanales si meurtrières pour les troupes américaines pendant la guerre d'Irak, souligne un militaire de la coalition.
D'une manière générale, la guerre en terrain urbain, au milieu de la population civile, efface une partie de l'avantage technologique militaire des forces irakiennes et de leurs alliés de la coalition.
Les snipers et les pièges explosifs peuvent être meurtriers pour les forces irakiennes, dont la solidité et la cohérence seront mises à l'épreuve si les pertes s'accumulent.
"Le combat urbain est le combat plus sanglant pour l'assaillant, et le plus déséquilibré en termes de pertes", explique un militaire occidental.
Le risque de dégâts collatéraux sur la population civile rend plus difficile les bombardements aériens. La population peut être utilisée comme boucliers humains par des jihadistes cherchant à provoquer une spirale sanglante déconsidérant le gouvernement irakien et la coalition aux yeux des sunnites.
L'EI dispose de munitions chimiques très rudimentaires, mais leur effet pour l'instant a été plus psychologique que réellement militaire.
Quels sont les atouts des forces irakiennes et de la coalition ?
Elles ont d'abord la force du nombre: au moins 30.000 hommes engagés dans la bataille, contre 3.500 à 5.000 jihadistes, selon les dernières estimations de la coalition.
Toutes les forces gouvernementales irakiennes participant à l'opération ont toutes été entrainées et ré-équipées par la coalition.
Leur entraînement a tenu compte des leçons tirées des premières reconquêtes urbaines sur l'EI, comme celles de Ramadi ou Fallouja. Les CTS, les forces spéciales anti-terroristes irakiennes, ont fait la preuve de leur efficacité lors des reconquêtes précédentes.
Les forces irakiennes bénéficient des capacités de frappes aériennes de précision de la coalition, et de ses capacités aériens et satellitaires de renseignement.
Il est possible que certains habitants de Mossoul cherchent à aider les forces irakiennes. Selon le Pentagone, des habitants de village libérés près de Mossoul ont renseigné les forces irakiennes sur les endroits ou se trouvaient les jihadistes.
Quels est le rôle des soldats de la coalition ?
Outre les frappes aériennes, la coalition apporte un renfort précieux en terme de coordination des mouvements des troupes sur le terrain et de logistique. Les conseillers militaires de la coalition, disséminés dans les états-majors et QG irakiens, "aideront à synchroniser les multiples unités impliquées dans l'offensive, pour obtenir cohérence et unité d'effort", souligne Jim Dubik, ancien général et professeur à l'université de Georgetown.
Les Américains ont également une centaine de conseillers militaires qui sont à proximité immédiate de la ligne de front, notamment pour aider les Irakiens à diriger les frappes aériennes de la coalition. Mais le Pentagone s'est refusé à dire s'ils entreraient dans la ville.
Les Américains sont par ailleurs prêts à utiliser si nécessaires plusieurs hélicoptères d'attaque Apache, et des lances-roquettes de précision et mobiles Himars. Les Français ont déployé leur canons Caesar.
Les cyber-soldats du Pentagone sont présents pour espionner et perturber les réseaux des jihadistes.
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