Depuis la Corse, où il est en campagne, Nicolas Sarkozy n'a pas mâché ses mots. "Je n'aime pas les gens qui participent à une compétition et qui en contestent les règles", a-t-il lancé jeudi matin sur Europe 1, à un mois jour pour jour du premier tour.
"Je dis simplement à M. Bayrou et à M. Lagarde que si on soutient un candidat à la primaire, on s'engage à respecter la règle de la primaire. Et si jamais ce n'était pas le candidat qu'ils soutenaient qui gagnait, eh bien ils devraient respecter la règle de la primaire. C'est ça, la loyauté", a asséné l'ancien président.
L'avertissement est sans équivoque. Dans le collimateur, d'abord, François Bayrou, le président du MoDem, auquel Nicolas Sarkozy n'a jamais pardonné son soutien à François Hollande en 2012. "La règle, c'est surtout de ne pas se servir, pour sortir du socialisme, de celui qui nous y a fait rentrer", a-t-il asséné.
Le Béarnais compte parmi les plus conspués dans les meetings sarkozystes. "Il y avait Taubira, il y a eu Najat Vallaud-Belkacem et maintenant, c'est Bayrou", affirme François Baroin, cité par L'Express.
Retiré dans sa mairie de Pau conquise en 2014, M. Bayrou a de longue date annoncé son soutien à Alain Juppé. Mais pas question pour lui de voter à ce scrutin ni de se sentir lié par le résultat de la primaire, cette procédure qui "favorise les extrêmes de chaque camp", à l'image de Donald Trump chez les Républicains américains. Il est donc prêt à tenter une quatrième fois sa chance à la présidentielle si l'issue de la primaire ne lui convient pas.
Conscient de son rôle d'épouvantail à droite, M. Bayrou a lui-même expliqué mercredi que son rôle n'était "pas de participer aux meetings" de M. Juppé car une partie de l'électorat a été "en désaccord avec lui".
- Campagne de Sarkozy "en perdition" -
Ironie de l'Histoire, en 1994-1995 M. Bayrou, comme la majorité des centristes, était aux côtés de Nicolas Sarkozy parmi les supporters d'Edouard Balladur dans la lutte fratricide qui opposa le Premier ministre d'alors à Jacques Chirac... et Alain Juppé.
Le cas de Jean-Christophe Lagarde est différent. Sous sa direction, l'UDI, qu'il préside depuis le retrait de Jean-Louis Borloo, a passé un avantageux accord avec Nicolas Sarkozy pour les dernières régionales.
L'UDI avait d'abord décidé de ne pas participer à la primaire ouverte de LR, exercice inédit pour la droite française. Mais près de 600 élus dont 46 parlementaires, M. Lagarde en tête, sans oublier le Parti radical, ont officialisé la semaine dernière leur soutien à Alain Juppé, favori des sondages.
Pour M. Lagarde, interrogé par l'AFP, l'avertissement de Nicolas Sarkozy est le signe d'une "campagne en perdition".
En toile de fond, des discussions agitent les états-majors autour des législatives. Alain Juppé a récemment prévenu qu'il "rediscuterait des investitures" s'il gagnait la primaire, pour accorder une plus grande place aux centristes.
Ce qui a fait bondir les sarkozystes qui oublient pourtant que LR avait fait alliance non seulement avec l'UDI mais souvent aussi avec le MoDem aux régionales.
L'émergence parallèle d'Emmanuel Macron et son potentiel au sein de l'électorat centriste a également poussé les différentes chapelles du centre à se positionner. Mais Alain Juppé à l'Elysée, "c'est le retour de la mainmise de François Bayrou sur le centre. M. Lagarde devrait y réfléchir", a averti le député UDI Maurice Leroy qui soutient, lui, Nicolas Sarkozy.
Difficile de mesurer à l'avance le poids réel des centristes, voire de la gauche, dans cette consultation électorale unique. "Le centre ne s'est jamais mobilisé", dit-on dans le camp Sarkozy. Quant à la mobilisation d'électeurs de gauche en faveur de M. Juppé, on n'y croit "pas une seconde". Mais "ça sert pour mobiliser la droite".
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