"Nous avons fait part de notre intention de prolonger autant que possible, en fonction de la situation réelle sur le terrain, l'arrêt de nos frappes aériennes", a déclaré dans la nuit Vladimir Poutine, à l'issue des pourparlers dans la capitale allemande.
Il s'exprimait alors que les habitants des quartiers rebelles d'Alep se préparent à vivre jeudi une courte trêve "humanitaire", préparée par une pause de 24 heures des raids aériens.
Selon l'armée russe, cette "pause humanitaire" devant permettre l'évacuation de civils et de combattants désirant quitter les quartiers rebelles, dans l'est d'Alep, doit entrer en vigueur à 05H00 GMT et durera seulement onze heures.
- discussions "claires et dures" -
A Berlin, M. Poutine n'a pas donné d'indication de durée pour la possible extension.
"Pour nous, aussi longtemps qu'il est possible", a exhorté pour sa part le chef de l'Etat français François Hollande après l'entrevue, en estimant qu'une pause de seulement quelques heures "n'aurait pas de sens".
En l'état, la trêve est "suffisante" pour évacuer seulement 200 blessés, a ainsi estimé l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
"Nous sortons de cet entretien avec l'impression qu'il peut y avoir une prolongation de la trêve mais c'est au régime syrien et à la Russie d'en faire la preuve", a ajouté M. Hollande.
Ces discussions ont été plus que franches. Le président français est allé jusqu'à qualifier de "crimes de guerre" les frappes russo-syriennes sur les quartiers de l'est d'Alep, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel en dénonçait le caractère "inhumain". Elle a parlé d'une conversation "claire et dure" avec M. Poutine.
Tous deux n'ont pas exclu des sanctions à l'égard de la Russie suite aux bombardements contre les civils dans la deuxième ville syrienne.
"On ne peut pas se priver de cette option", a dit Mme Merkel, à la veille d'un sommet de l'Union européenne qui va largement aborder la question des relations avec la Russie. Les pays européens sont toutefois très divisés sur la question.
Alep est le principal front du conflit qui déchire la Syrie depuis 2011 et a fait plus de 300.000 morts.
Or, a prévenu le secrétaire d'Etat américain John Kerry, "si la Russie et (le président syrien) Assad réussissent à prendre Alep, la dynamique fondamentale de la guerre ne changera pas".
Moscou avait annoncé mardi l'arrêt de ses raids aériens et de ceux de l'armée syrienne sur Alep-Est, soumise à un déluge de feu meurtrier depuis une offensive lancée par Damas le 22 septembre pour reprendre ce secteur qui échappe à son contrôle depuis 2012 et où vivent quelque 250.000 personnes.
"Il n'y a pas eu de raids aériens depuis mardi matin", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Mais il y a toujours des combats sur plusieurs fronts aux abords des quartiers rebelles, notamment dans la Vieille ville", avec des tirs d'artillerie du régime et des roquettes lancées par les rebelles, a-t-il précisé.
- suspension des raids -
Un journaliste de l'AFP à Alep-Est a confirmé dans l'après-midi la suspension des raids, précisant toutefois que de violents affrontements se poursuivaient.
"Grâce à Dieu, il n'y a pas d'avions dans le ciel en ce moment. Mais il y a encore des tirs d'artillerie et de roquettes", a déclaré à l'AFP Ibrahim Abou al-Leith, porte-parole des Casques blancs à Alep, les secouristes en zone rebelle.
Jeudi matin, huit couloirs humanitaires, dont six pour l'évacuation de civils, de malades et de blessés, et deux pour le retrait de rebelles armés, mais qui peuvent également être utilisés pour les civils, seront ouverts et surveillés par des drones, selon l'armée russe.
Des employés de la mission de l'ONU et des volontaires du Croissant-Rouge syrien vont aider à l'évacuation des civils et les accompagner durant tout le trajet après le départ d'Alep, a précisé le général Sergueï Roudskoï, de l'état-major russe.
Damas et Moscou affirment bombarder les quartiers rebelles pour éliminer les "terroristes", principalement les jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).
Près de Damas, quelque 620 rebelles et leurs familles ont commencé à évacuer la localité assiégée de Mouadamiyat al-Cham en vertu d'un accord passé avec le gouvernement, a indiqué à l'AFP un responsable local.
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