Des experts estiment cependant que cette trêve a plus de chances de tenir en raison de fortes pressions internationales sur les belligérants et du prix élevé qu'ils payent dans cette guerre qui dure depuis plus de 18 mois.
A l'approche du cessez-le-feu éventuellement renouvelable, des combats et des raids aériens ont fait des dizaines de morts, principalement dans le nord, près de la frontière saoudienne.
Un communiqué des forces progouvernementales a donné un bilan partiel de 30 rebelles et de 5 loyalistes tués. Ce bilan n'a pas pu être confirmé dans l'immédiat.
Annoncée lundi par l'ONU, la trêve interviendrait dans un contexte d'enlisement du conflit qui a fait 6.900 morts, 35.000 blessés, déplacé trois millions de personnes et dévasté l'économie d'un pays considéré avant même les hostilités comme le plus pauvre de la Péninsule arabique.
La guerre actuelle oppose depuis mars 2015 le gouvernement yéménite, reconnu internationalement et soutenu par une coalition militaire arabe sous commandement saoudien, à des rebelles chiites Houthis, accusés de liens avec l'Iran et qui contrôlent la capitale Sanaa et de vastes régions du nord, de l'ouest et du centre.
Cette sixième tentative de cessez-le-feu suit une escalade marquée par une énorme bavure de l'aviation de la coalition, qui a coûté la vie à 140 personnes et blessé 525 autres le 8 octobre à Sanaa.
Le conflit a connu un autre développement majeur: des tirs de missiles contre des navires de l'US Navy en mer Rouge et une riposte américaine contre des batteries de radar en zone rebelle.
La communauté internationale --Washington en tête-- a multiplié les pressions sur les belligérants: le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la coalition de pays arabo-sunnites, et les Houthis pro-iraniens, alliés aux forces de l'ex-chef d'Etat Ali Abdallah Saleh.
Mardi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a demandé non seulement le respect de la trêve, censée entrer en vigueur mercredi à 23H59 au Yémen (20H59 GMT), mais aussi son renouvellement sans conditions.
- 'Fin de l'agression' -
Mais le gouvernement Hadi a posé comme conditions la mise en place d'un comité d'observation de la trêve, la fin du siège de Taëz, grande ville du sud-ouest encerclée par les rebelles, et la distribution sans entraves de l'aide humanitaire.
Les rebelles se sont dits prêts à "un cessez-le-feu durable, global et sans conditions, qui garantira la fin de l'agression (...), et la levée du blocus imposé" par la coalition.
Les chances d'une trêve durable semblent réelles, affirme l'analyste Mustafa Alani.
"Je suis plus optimiste car l'environnement est complètement différent" de celui de la dernière trêve avortée d'avril, dit-il à l'AFP.
Et d'expliquer que "les grandes puissances sont impliquées cette fois avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui exercent des pressions sur les parties".
"En même temps, (les belligérants) sont épuisés en raison du coût humain et financier du conflit. Les parties pensent qu'elles ne peuvent plus le gagner militairement", poursuit ce spécialiste des questions de sécurité au Gulf Research Center basé à Genève.
- Paix possible -
M. Kerry a souligné que la trêve est essentielle pour la relance des efforts de paix.
"Nous continuerons à travailler avec toutes les parties afin de conclure un règlement négocié", a plaidé le responsable américain, dont le pays est l'allié de l'Arabie saoudite mais qui la critique sur les victimes civiles de la guerre au Yémen.
Pour M. Alani, une possibilité de compromis existe autour de la résolution 2216 (avril 2015) du Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce texte, accepté par M. Hadi, engage les rebelles à se retirer des zones qu'ils ont prises, à remettre les armes et à commencer des discussions politiques. Les Houthis insistent quant à eux sur un dialogue politique sans conditions.
Si les rebelles ne peuvent pas accepter la résolution 2216 en l'état, ils peuvent, selon M. Alani, le faire en tenant compte de la proposition faite par M. Kerry fin août, qui consiste à reprendre les pourparlers de paix sur la base de la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Le cessez-le-feu "doit être la première étape vers la reprise des négociations sous les auspices de l'Onu", a estimé la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini.
"Le cessez-le-feu doit être respecté par toutes les parties et prolongé de façon à créer les conditions nécessaires à de telles négociations", a-t-elle ajouté.
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