"Nous lançons un cri d'alarme face à une maladie méconnue, qui favorise le développement d'infections et de complications postopératoires, retarde la guérison, accroît le risque de chute, allonge la durée des hospitalisations et peut dans certains cas conduire à la mort" résume le Dr Eric Fontaine, fondateur du Collectif de lutte contre la dénutrition.
Créé au début de l'année par des professionnels de santé et des associations de patients, le Collectif a décidé de frapper un grand coup en invitant les Français à signer à partir de mercredi un "Manifeste de lutte contre la dénutrition" qui préconise dix recommandations pour "mettre fin à ce fléau".
Selon des statistiques rassemblées par le Collectif, la dénutrition touche 2 millions de personnes en France, "ce qui représente une ville comme Paris".
Elle concerne entre 30 et 40% des personnes adultes hospitalisées (avec des taux dépassant 50% pour les personnes âgées) ainsi que 15% des enfants hospitalisés et jusqu'à 40% des personnes âgées vivant en institution.
5 à 25% des décès de patients atteints de cancers seraient par ailleurs liés à la dénutrition, selon la même source.
"Un patient atteint d'un cancer métastatique meurt deux fois plus vite s'il est dénutri" note pour sa part le Pr Fontaine. Il cite le cas classique des infections pulmonaires mortelles liées à la dénutrition chez des patients en phase terminale d'un cancer.
La dénutrition résulte soit d'apports alimentaires insuffisants, soit d'une augmentation des pertes de nutriments, soit d'une association des deux.
Elle se définit par un indice de masse corporelle (IMC) inférieur aux courbes minimales de santé (18,5 chez les moins de 65 ans et 21 chez la personne âgée) et par une perte de poids involontaire de plus de 5% en un mois ou de plus de 10% en six mois.
- perte du goût, nausées, Alzheimer -
Parmi les cas classiques, figurent une personne âgée qui ne mange plus assez de protéines par perte du goût, un malade sous chimiothérapie qui ne mange pas assez à cause des nausées ou un patient atteint d'Alzheimer qui oublie de s'alimenter.
Selon le Pr Fontaine, il existe quelques mesures "simples et qui ne coûtent rien" comme le fait de peser un malade à son entrée et à sa sortie de l'hôpital.
D'autres recommandations du Collectif sont en revanche nettement plus ambitieuses : lancement d'un plan national de lutte contre la dénutrition 2018-2021, présence d'un médecin nutritionniste et de 10 diététiciens pour 600 lits d’hôpital, création d'un comité national de vigilance chez l'enfant, formation des professionnels de santé au risque nutritionnel.
Le Collectif préconise également de "nourrir correctement 100% des patients malades", ce qui n'est pas le cas aujourd'hui avec seulement 3,73 euros dépensés chaque jour pour l'alimentation des patients hospitalisés, selon le Pr Fontaine.
"Il faudrait passer à 6 euros par jour, mais cela coûterait près d'un milliard d'euros" ajoute-t-il.
Pour combattre la dénutrition, les médecins disposent de la nutrition artificielle, par l'intermédiaire d'un tube placé dans le corps. Mais pour éviter d'en arriver là, le Pr Fontaine préconise de dépister les personnes à risque "dès les premiers kilos perdus".
Il suffit alors d' "enrichir" leur nourriture avec des aliments diététiques, voire simplement avec "du fromage, de la crème, de la poudre de lait ou même des gâteaux". "N'oublions pas que les besoins des personnes âgées ne sont pas diminués, mais bien augmentés, notamment en ce qui concerne les protéines" ajoute-t-il.
Le manifeste est disponible sur le site internet (www.luttecontreladenutrition.fr).
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