La CGT locale espère "au moins 10.000 sympathisants" devant la cour d'appel d'Amiens. Parmi eux, sont attendus Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Pierre Laurent (PCF) et le leader de la CGT Philippe Martinez.
"Il y aura du monde venant de toute la France, mais aussi de Belgique et de Suisse, on attend déjà 100 cars", a assuré Mickaël Wamen, l'un des prévenus et figure du combat des Goodyear.
Les 6 et 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines et le directeur de la production avaient été retenus pendant une trentaine d'heures dans les locaux de l'usine de pneumatiques occupée par quelques dizaines de salariés en colère après l'annonce de sa fermeture.
A la barre, en première instance, tous les prévenus s'étaient justifiés en parlant d'"un coup de colère" face à une direction qui "n'apportait aucune réponse" à la "détresse sociale" dans laquelle se trouvait les salariés de cette entreprise de 1.143 salariés, fermée quelques jours après.
Parmi ces huit ex-salariés, comparaissent cinq militants de la CGT, souhaitant faire de ce procès très attendu une "vitrine du combat social". Leur condamnation en janvier à 24 mois de prison, dont 9 ferme, avait provoqué un vif émoi au sein du monde syndical et politique.
Le Premier ministre Manuel Valls avait lui-même jugé cette peine "indéniablement lourde" tout en estimant qu'il ne fallait pas "basculer dans la violence".
"Très choqué" à l'annonce du jugement, le député PS du Cher Yann Galut avait souhaité "la même sévérité à l'égard des patrons voyous" alors qu'André Chassaigne, chef du Front de gauche à l'Assemblée, avait qualifié "d'ignoble" cette décision.
- 'Démarche d'apaisement' -
Comme en première instance, le procès se déroulera sans plaignant : Goodyear avait retiré sa plainte en application de l'accord de fin de conflit signé avec les syndicats fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés, qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel dans un premier temps.
Poursuivis pour "séquestration et violences en réunion", les prévenus encourent jusqu'à cinq ans de prison. De source judiciaire, on indique vouloir être "dans une démarche d'apaisement" et que le ministère public prendra "évidemment en compte" le profil des prévenus, au casier judiciaire vierge.
"On est optimistes pour cet appel. La décision de janvier était d'une débilité absolue. Ce n'était pas un jugement, mais une chambre d'exécution. On nous a dit qu'on allait servir d'exemple, une sanction contre ceux qui osent relever la tête!", a déclaré M. Wamen à l'AFP.
"On vient chercher la relaxe ! Nous sommes convaincus de pouvoir l'imposer par l'évidence de l'absence de toute raison objective de culpabilité", renchérit l'avocat des salariés, Me Fiodor Rilov.
Depuis la condamnation des huit anciens salariés, plusieurs manifestations ont été organisées pour les soutenir et une pétition en ligne réclamant l'arrêt des poursuites à leur encontre a été signée par plus de 170.000 personnes.
Les conflits sociaux ont souvent été spectaculaires ces dernières années en France, mais ils ont engendré peu de poursuites judiciaires, encore moins de condamnations.
Ce procès en appel intervient trois semaines après celui de plusieurs salariés d'Air France jugés pour l'épisode de "la chemise arrachée" d'un cadre de la compagnie aérienne. Le délibéré sera rendu le 30 novembre.
Pour la CGT, ces deux événements sont devenus des symboles de la "criminalisation de l'action syndicale".
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