"Trop de compromis avec les puissants et jamais avec le peuple", "c'est la finance qui en a profité, pas la population", "le gouvernement a représenté au début la gauche plurielle, maintenant c'est la gauche plus rien!" : les formules claquent chez les électeurs PS pour résumer à la fois le quinquennat qui s'achève et leur écoeurement personnel.
Marie Chalopin, 58 ans, entrepreneur à Limoges, non encartée mais "de gauche fondamentalement", reconnaît avoir voté Hollande "sans grande conviction", avant tout pour faire barrage à Nicolas Sarkozy. Mais le "discours responsable" tenu au Bourget pendant la campagne sur la situation des banques, avec la fameuse formule "mon ennemi c'est la finance", l'avait mobilisée.
Même démarche pour Stéphane Chenou, 45 ans, cadre associatif à Agen. "Ce n'était pas un chèque en blanc pour Hollande, mais c'est vrai qu'après le discours du Bourget, j'avais de l'espoir".
Après ce "vrai moment de gauche", la déception devant les renoncements présidentiels n'en est que plus cruelle, avec trois symboles forts, selon les électeurs: la non-renégociation du traité européen, la déchéance de nationalité et le "virage libéral" avec le Pacte de responsabilité, la loi travail...
"Il s'est fait élire sur un programme de gauche qu'il n'a pas du tout appliqué", tranche Georges Martel, retraité corrézien qui fut militant PS pendant 45 ans avant de rendre sa carte en 2013. Oubliés l'engagement en faveur de la jeunesse, l'instauration de la proportionnelle, le droit de vote des étrangers, déplore cet ancien délégué permanent au siège parisien du PS, rue de Solférino.
"Il y a eu des avancées, mais ce qui va rester dans les esprits, c'est: plus d'impôts, l'Europe libérale qui continue à nous diriger", relève Serge Lebrun, 54 ans, employé de banque en Charente-Maritime. "Côté environnement, on ne va pas non plus au bout des choses. Fessenheim, les boues rouges dans les calanques... On se coupe d'une partie de l'électorat de gauche", souligne cet adhérent PS.
- "La mort du vote utile" -
"Hollande, c'est de la com, du blabla, rien de concret", lâche Arantxa Leemans, 57 ans, infirmière dans les Pyrénées-Atlantiques, qui a "toujours voté à gauche", mais ne tolère plus les "injustices".
La pilule est d'autant plus amère que "nous avions la possibilité de mettre rapidement en oeuvre notre programme parce que nous avions tous les leviers pour le faire", regrette Emmanuel Eyssalet, 44 ans, militant PS et conseiller municipal à Agen, citant "la majorité au Parlement, dans de nombreuses régions et départements, et la plupart des grandes villes".
Derrière le président de la République et le gouvernement, le PS est aussi pointé du doigt: "Ma seule certitude, c'est que la gauche de gouvernement, telle que ma génération l'a connue, est en état de mort cérébrale", se désole Marie Chalopin.
"Le PS a besoin de se réformer. Il est trop hiérarchisé. Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann ne jouent pas le jeu. Les ambitions des uns et des autres...", assène Serge Lebrun.
Alors pour qui voter en 2017 ?
"Ca coince! Aucune idée! Impossible de voter Hollande, il n'a plus de crédibilité. Mais impossible de m'abstenir non plus, j'ai trop peur du Front national", résume Marie Chalopin.
Solène Verdier, étudiante de 26 ans à Limoges, qui avait voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour en 2012, puis Hollande au second, le dit sans ambages: "Pour moi ce quinquennat a acté la mort du vote utile". "Je ne me déplacerai pas pour faire mon devoir de citoyen quand les présidents élus +par défaut+ font si peu de cas de leur devoir citoyen à eux".
Le vote blanc fait son chemin aussi car "d'une manière générale, nos politiciens ne nous correspondent plus. Il faut repenser tout le système politique en partant de la base", résume Arantxa Leemans.
"Je n'attends pas grand chose de cette élection. Je crois plus au mouvement citoyen qui essaie de compenser ce que ne fait pas le pouvoir en place", se résigne Georges Martel.
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