Le président de la République vient, lundi après-midi, à Florange pour expliquer aux salariés qu'en dépit de la fermeture des hauts fourneaux en 2013, il "a respecté l’ensemble de (ses) engagements" pris lors de la campagne présidentielle de 2012. Une manière de vanter son bilan avant une éventuelle annonce de candidature début décembre.
"Je leur avais fait deux promesses: sauver le site et éviter tout plan social. Elles ont été tenues. Les 650 salariés qui travaillaient sur le haut fourneau ont été reclassés sur place et aucun n’a été licencié", explique-t-il dans une interview aux journaux du groupe Ebra publié le jour-même de son déplacement.
M. Hollande souligne aussi avoir obtenu "180 millions d'investissements du groupe ArcelorMittal à Florange" et met en avant la création d’un centre de recherche publique pour la sidérurgie lorraine pour laquelle l'Etat a déjà débloqué "20 millions d’euros".
Mais l'accueil risque d'être des plus frais pour le chef de l'Etat, qui effectue sa première visite de terrain depuis la parution d'"Un président ne devrait pas dire ça...", écrit par deux journalistes du Monde truffé de confidences présidentielles qui ont déstabilisé jusqu'au sein de son gouvernement.
Dans l'interview au groupe Ebra, il tente de tourner cette page en appelant à "ne pas se laisser emporter par tel ou tel bout de phrase".
Sur place, les syndicats attendent de pied ferme le chef de l'Etat. La CGT a appelé les salariés à se mobiliser dès 08h30 en tenue de travail à l'entrée de l'usine à chaud pour une démonstration de "colère" et tiendra une conférence de presse à 14h00 pour dénoncer "pièces à l'appui" les "engagements non tenus" de M. Hollande.
Force ouvrière a décidé pour sa part de boycotter la visite afin de "dénoncer" pêle-mêle la loi Travail et "les engagements non tenus sur le maintien des hauts-fourneaux et la nationalisation du site".
Ces deux syndicats avaient refusé de signer l'accord social conclu en décembre 2012 entre les direction et la CFDT et CFE CGC.
- Montebourg 'le coeur serré' -
Depuis le début de son quinquennat, M. Hollande est déjà venu à deux reprises à Florange, en septembre 2013 et novembre 2014, des déplacements chaque fois assez chahutés.
Mais cette troisième visite risque de cristalliser encore plus fortement le mécontentement contre un président englué dans ses confidences embarrassantes et dont la cote de popularité ne cesse de dégringoler, à six mois de la présidentielle.
Le premier déplacement de François Hollande à Florange lors de la campagne présidentielle en février 2012 avait suscité beaucoup d'espoirs parmi les ouvriers sidérurgistes. Perché sur une camionnette, le candidat socialiste avait alors promis de faire voter une loi contraignant les "grandes firmes" désireuses de se séparer d'une unité de production à "la céder à un repreneur" afin d'éviter son démantèlement.
Pour beaucoup d'ouvriers d'ArcelorMittal cependant, la fermeture des hauts fourneaux de Florange un an plus tard a signé la "trahison" du chef de l'Etat.
Précédant M. Hollande en Lorraine la semaine dernière, l'ex-ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, aujourd'hui sur les rangs pour 2017, s'est chargé à sa manière de préparer le terrain.
"Je suis revenu à Florange le coeur serré, avec le souvenir d'une nationalisation que j'avais proposée et qui a été interdite par le président de la République", a rappelé l'ex-ministre qui s'était battu en vain pour une nationalisation provisoire du site.
Lors de son déplacement, M. Hollande doit successivement rencontrer direction et représentants syndicaux dans les Grands-bureaux d'Arcelor Mittal à 15h30, inaugurer le centre de recherche baptisé Metafensch installé à Uckange (Moselle) où il doit prononcer un discours à 17h30 avant de visiter l'entreprise Thyssenkrupp de Florange.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.