Vingt Serbes ont été arrêtées dans la nuit de samedi à dimanche, avant un scrutin tendu dans ce petit pays balkanique de 640.000 habitants, dirigé depuis un quart de siècle par le pro-occidental Milo Djukanovic, dont le choix d'intégrer l'Otan suscite les vives critiques des prorusses.
La clôture du scrutin est prévue à 18H00 GMT. Signe de tension, le ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de coalition Goran Danilovic, qui appartient à l'opposition, a demandé aux Monténégrins de ne pas descendre fêter les résultats dans la rue.
Selon la police et la justice monténégrine, les membres du groupe, arrivés dans le pays dans des voitures individuelles, auraient projeté de se munir d'armes et de mener des "attaques" contre la foule attendant les résultats du scrutin devant le Parlement.
Ils auraient également projeté de s'emparer du Premier ministre, de prendre le contrôle du parlement et de "proclamer la victoire de certains partis politiques", selon le parquet de Podgorica.
Leur chef a été identifié par les médias monténégrins et serbes comme un ancien général de gendarmerie serbe né en 1970 et retraité depuis 2015, actif dans une association de défense des droits des vétérans.
Dès l'annonce du coup de filet, Andrija Mandic, chef du Front démocratique, le parti d'opposition prorusse qui conteste la volonté du Premier ministre d'intégrer l'Union européenne et l'Otan, a dénoncé une opération de "propagande grossière".
A en croire les études d'opinion, le parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic semblait en mesure de rester la première formation du pays.
- 'Curieux' -
Mais cette fois, celui qui avait conduit son pays à l'indépendance de la Serbie en 2006, semblait devoir envisager d'aller au-delà de ses alliés actuels, les partis représentant les minorités, pour trouver une majorité stable parmi les 81 députés et bâtir un gouvernement de coalition.
Il reviendra au prochain Parlement de ratifier l'adhésion à l'Otan sur laquelle l'opposition exige un référendum. Cette adhésion divise fortement la société monténégrine, majoritairement orthodoxe.
Belgrade et Podgorica entretiennent des relations en dents de scie, depuis que le Monténégro a été un des premiers à reconnaître l'indépendance du Kosovo en 2008. L'intégration à l'Otan est un autre point de discorde.
Cité par l'agence serbe Tanjug, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a expliqué ne disposer d'aucun élément sur l'arrestation de ses compatriotes.
Mais il a eu du mal à dissimuler son scepticisme, jugeant "curieux que cela se produise aujourd'hui". "Pour le reste, il vaut mieux que je me morde la langue trois fois et que je me taise", a déclaré le responsable serbe.
Après avoir voté dans une école de Podgorica, Milo Djukanovic n'a pas dit un mot sur les arrestations, se disant convaincu que son pays allait continuer "d'avancer vers ses objectifs européen et euro-atlantique, avec dynamisme et stabilité".
"Allons-nous faire partie de la société européenne développée ou serons-nous une colonie russe?", avait-il lancé à ses sympathisants, lors d'un ultime meeting électoral.
Malgré son âge (54 ans), cet homme qui a commencé sa carrière sous l'aile de Slobodan Milosevic avant de rompre avec l'homme fort de Belgrade et de se rapprocher de l'Occident, est le plus ancien dirigeant européen en fonction.
- 'Défendre le pouvoir' de Djukanovic -
Pour ses détracteurs, qui l'accusent d'autoritarisme et d'avoir laissé la corruption s'installer, il se sert de ces enjeux diplomatiques pour détourner l'attention des problèmes intérieurs: "C'est comme cela que nous nous sommes retrouvés coincés avec lui 27 ans durant", a déclaré avant le scrutin à l'AFP Ljubo Filipovic, ancien adjoint au maire de la ville côtière de Budva.
Dès la matinée, des barrières avaient été installées près du Parlement, en prévision d'éventuelles manifestations en soirée. De violentes manifestations avaient eu lieu sur le sujet en 2015.
Se disant persuadé de la victoire, l'opposant Andrija Mandic, a appelé ses partisans au calme. "Tout est fait pour défendre le pouvoir de Milo Djukanovic. Ce soir un grand chaos est attendu, mais uniquement au sein du cabinet du Premier ministre lorsque les résultats seront annoncés", a dit l'opposant, qui s'exprimait après l'annonce du coup de filet de la nuit.
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