Depuis un an, ce couple de 53 ans voulait ouvrir sa porte à un réfugié. Leurs trois grands enfants partis du nid, "la maison était grande pour deux". Et comme des milliers de Français, ils avaient été touchés par la crise des migrants. Pour beaucoup, la photo d'Aylan, petit Syrien de trois ans retrouvé mort sur une plage turque alors qu'il tentait de rejoindre l'Europe avec sa famille, avait provoqué l'envie d'agir.
Mais débordées par la générosité soudaine des particuliers, les associations ont eu du mal à répondre aux besoins des uns et des autres et certaines cohabitations, improvisées, se sont mal passées.
Pour soutenir ceux qui se lancent dans l'aventure, le Samu social de Paris a lancé en mai le dispositif Elan. Une équipe de professionnels épaulent les familles qui s'engagent à accueillir un réfugié pour une période de trois mois minimum, renouvelable et à mettre à sa disposition une chambre privative.
Le jour où Catherine, Michel et Dawa se sont rencontrés "Dawa nous a offert à chacun une écharpe blanche qu'il nous a passée autour du cou, c'était émouvant", raconte Michel. "C'est un signe de bonne chance", commente Dawa, sourire éclatant.
Ils ont discuté ensemble de leurs façons de vivre, de leurs habitudes alimentaires. "Il nous a dit: +je ne mange pas de cuisses de grenouilles+, on a répondu: +ça tombe bien, nous non plus+", s'amuse Michel.
Puis ils ont signé un "règlement de vie commune", s'engageant à respecter "l'intimité" des uns et des autres, Dawa à "utiliser le logement de manière prudente, diligente et soigneuse".
- Participation symbolique -
Le couple a mis à sa disposition la chambre aux murs roses de Louise, leur cadette de 24 ans, partie vivre à Paris. Dawa a posé ses valises sur une étagère et un portrait du Dalaï Lama sur la table de chevet.
"On voulait offrir à la personne un endroit agréable, stable, où il puisse se sentir bien, envisager l'avenir plus sereinement..." explique Caroline. "Mais toutes ses démarches administratives, on ne s'en occupe pas".
De son côté, le Tibétain a fait découvrir à ses hôtes quelques spécialités culinaires de son pays - les momos (raviolis), la tsampa (farine d'orge grillée) - et les a emmenés voir le Dalaï-lama lors de sa récente visite en France, "un grand moment" pour Caroline.
Si le couple accueille gratuitement le réfugié, celui-ci verse une participation symbolique au Samu social de Paris, en fonction de ses revenus -pour Dawa, employé en CDI dans la sécurité, 90 euros par mois.
Le Samu social, qui a noué des partenariats avec des associations et le diocèse de Paris a reçu quelques 70 propositions d'hébergement, parfois "farfelues", raconte Nadège Letellier, qui coordonne le dispositif: "des personnes nous disent: +je veux héberger un enfant, ou une femme syrienne qui en échange s'occupera de mes enfants...".
Il faut donc trier les demandes et s'assurer que les binômes soient "aptes à la cohabitation". "Par exemple, certains réfugiés ne peuvent pas vivre dans une famille, parce que ça va faire ressurgir d'anciens traumatismes, des deuils", explique Mme Letellier.
Entre Caroline, professeur de français, Michel, chercheur en biologie, et Dawa, qui enseignait l'histoire et la sociologie au Tibet, le courant est passé. Aujourd'hui, le réfugié tibétain se concentre sur ses projets: progresser en français, passer le permis et faire venir sa famille.
Favorable à ce type d'initiatives, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a lancé en août un appel à projets pour les développer. L'objectif est de compléter les dispositifs existants et de permettre ainsi l'accueil de 1.000 réfugiés supplémentaires.
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