Fin novembre, les électeurs de droite choisiront leur champion à l'issue d'un duel musclé Sarkozy-Juppé et le Parti socialiste désignera le sien fin janvier. Ailleurs, les candidatures se multiplient pour tenter d'offrir une nouvelle offre politique et la candidate du Front national est déjà donnée qualifiée pour le second tour quels que soient ses adversaires.
- L'inconnue Hollande -
Ira, ira pas? Ébranlé par un nouveau livre de confidences, François Hollande dira "après la primaire de la droite", en décembre, s'il se représente, au risque d'être éliminé dès le 1er tour. En se soumettant à la primaire socialiste ou en s'adressant directement aux Français. Pas encore candidat, mais déjà en précampagne, il multiplie les gestes symboliques, met en garde contre un retour de la droite et défend son bilan. Aucun chef de l'État en exercice n'a été aussi impopulaire que lui sous la Ve République à six mois de l'élection. Et ses confidences à deux journalistes du Monde, qui ont choqué jusque son proche entourage, ne devraient pas redorer son blason, loin s'en faut.
Les mauvais chiffres du chômage, dont les Français ne croient plus que la courbe puisse durablement s'inverser dans les mois qui viennent, et son incapacité à retrouver la confiance des électeurs laissent elles aussi ouverte l'hypothèse d'une non-candidature en 2017.
- La droite idéalement placée -
"La droite a une opportunité qui doit beaucoup à l'état de faiblesse exceptionnelle du côté de l'exécutif et plus globalement de l'ensemble de la gauche", résume Yves-Marie Cann, directeur des études de l'institut Elabe.
Selon les enquêtes d'opinion, le scénario le plus probable est que le vainqueur de la primaire à droite sera le vainqueur de la présidentielle. L'enjeu est donc crucial et l'affrontement entre les deux favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, rude. Le premier la joue calme, déterminé, il campe en tête des sondages, prend des voix au centre et regagne du terrain auprès des proches des Républicains. Le second multiplie les promesses et les provocations pour refaire son retard. Mais le retour des affaires, la surenchère sur les thèmes sécuritaires attisent l'anti-sarkozysme et plombent sa campagne.
Le résultat de la primaire à droite dépendra largement de la mobilisation des électeurs : une participation limitée aux militants et Nicolas Sarkozy peut sortir en tête du 1er tour, une mobilisation plus large et Alain Juppé sera plus que jamais le mieux placé pour l'emporter.
- La gauche veut y croire -
Donnée éliminée dès le premier tour, la gauche n'entend pas laisser la voie libre à la droite et veut surtout éviter le retour de Nicolas Sarkozy. Mais elle aborde la campagne divisée entre ceux qui défendent le bilan du chef de l'État et ceux, gauche de la gauche, socialistes frondeurs, pour qui il a trahi ses électeurs de 2012. Si François Hollande est candidat, un duel très indécis face à Arnaud Montebourg se dessine au second tour de la primaire socialiste. Dans le cas contraire, les sondages donnent Manuel Valls au coude à coude avec l'ancien ministre de l'Économie Emmanuel Macron.
"La grande incertitude, c'est de savoir s'il y aura une offre à l'extérieur de la primaire qui soit plus tentante", note Emmanuel Rivière, directeur France de Kantar-Public (ex-Sofres), pour qui "ça va beaucoup se jouer sur la capacité à animer ses réseaux, à faire voter les militants". Le résultat à droite pèsera aussi sur celui de la primaire à gauche. "Si Sarkozy l'emporte, les socialistes se mobiliseront pour empêcher son retour. Si c'est Juppé, nombre d'entre eux chercheront surtout quelqu'un pour incarner l'opposition", estime-t-il.
Les écologistes d'EELV désigneront début novembre leur propre candidat. Mais leur représentant n'est crédité que de 2% à 3% d'intentions de vote au 1er tour de l'élection.
- Macron, Mélenchon en aiguillons -
Seul nouveau venu sur la scène présidentielle, Emmanuel Macron incarne le renouvellement. Avec jusqu'à 15% d'intentions de vote (Elabe), il devancerait François Hollande au 1er tour, sans passer par la primaire socialiste. Son atout consiste à prendre des voix à gauche, mais aussi au candidat de droite quel qu'il soit. "Il y a une vraie envie de sortir de ce schéma préécrit selon lequel quand ce n'est pas le tour de la droite, c'est celui de la gauche. En ce sens, des gens qui créent des ponts entre la gauche et la droite intéressent", souligne Emmanuel Rivière. Mais pour Yves-Marie Cann, au-delà de la popularité de l'ancien ministre de l'Économie, son programme reste flou: "Il a un potentiel, mais qui reste très fragile".
A la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon fédère les mécontents. 13% à 15% d'intentions de vote le placent en adversaire principal du chef de l'État dans son propre camp, et en mesure de le devancer au 1er tour.
- Marine Le Pen joue le second tour -
Avec 25% à 30% d'intentions de vote, la présidente du Front national est donnée en tête au 1er tour par la plupart des enquêtes d'opinion - devancée seulement par Alain Juppé dans certaines configurations - et systématiquement qualifiée pour le second. "La diabolisation du Front national a fait long feu, et ceux qui entendent lui apporter leur suffrage le font dans une démarche aussi délibérée, pensée et désormais assumée que tout autre choix de vote peut l'être", note Jérôme Saint-Marie de PollingVox.
Débarrassée de l'incertitude sur les 500 parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter, la candidate du FN lancera sa vraie campagne en février. Mais sa capacité à rassembler semble toujours limitée. Pour Emmanuel Rivière, "le scénario, c'est probablement peu de reports possibles, surtout si c'est face à un candidat de droite, entre premier et second tours".
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