Jusqu'à l'annonce de la mort Bhumibol Adulyadej, la foule se tenait silencieuse, en prière depuis des heures au milieu des volutes d'encens dans le jardin de l'hôpital Siriraj, à quelques encablures du palais royal.
La Thaïlande ne sera plus jamais comme avant, se lamente Pattamaporn, assise sur l'herbe, tout habillée de rose, la couleur du monarque.
Même après l'annonce de la mort de ce souverain vénéré, une grande partie de l'assistance n'a pas pu s'arrêter de scander "longue vie au roi !", les yeux tournés vers les fenêtres du bâtiment abritant sa chambre.
Depuis deux jours et les informations officielles sur une aggravation de son état de santé, ils étaient des centaines à prier sous ses fenêtres pour son rétablissement.
Ces derniers mois, le palais avait multiplié les communiqués concernant Bhumibol Adulyadej, âgé de 88 ans et hospitalisé depuis plusieurs années.
Mais ses admirateurs refusaient d'évoquer sa mort et le destin de la Thaïlande sans celui qui était sur le trône depuis 70 ans.
Ses portraits dans des cadres dorés ornaient routes et rues, le montrant à tout âge, jeune homme passionné de photographie, un appareil autour du cou, ou rendant visite à des paysans.
"Le roi est mort mais il sera toujours dans le cœur des Thaïlandais", commente Panaree Thanawirachotikul, installée devant l'hôpital au milieu d'un groupe de chanteurs entamant l'hymne royal, diffusé dans tous les cinémas du pays avant chaque séance.
- En attente d'un miracle -
"Je veux que le roi puisse nous entendre au cas où il reviendrait à la vie", s'exclame Sukit Tanaboonsombat, 46 ans, présent dans le choeur.
Il s'est précipité à l'hôpital après avoir entendu l'annonce de sa mort, une nouvelle qu'il n'arrivait pas à croire.
"J'attends un miracle pour qu'il revienne à la vie parce qu'il a dit qu'il voulait vivre jusqu'à 120 ans", ajoute-t-il.
Au même moment, dans tout le pays, les chaînes de télévision, qui sont pour l'occasion revenues au noir et blanc, passaient en boucle des images du roi au moment de son couronnement en 1946, patrouillant en treillis militaires ou supervisant des programmes d'aide aux pauvres.
Sa succession plonge la Thaïlande dans une période d'incertitude après son long règne.
Bien que le monarque n'ait officiellement pris aucune part à la vie politique, il incarnait la stabilité dans un royaume secoué par les troubles, les coups d'Etat et les violences.
"Que deviendra notre pays sans notre père ?", s'interroge devant l'hôpital Patcharapol Piamsaad, la tête dans les mains.
A Bangkok, même le quartier des bars à prostituées du centre-ville était déserté jeudi soir, à l'instar de la plupart des artères de la capitale.
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