Vêtus de rose et de jaune, les couleurs de la monarchie, ils pénètrent dans l'enceinte et le jardin de l'établissement, déposent une guirlande de fleurs, allument des bâtonnets d'encens avant de s'agenouiller pour une prière bouddhiste.
Dans la foule de plus de 500 fidèles à la mi-journée, certains ont apporté d'immenses portraits du souverain qu'ils tiennent à bout de bras, gardant la tête baissée pendant qu'ils psalmodient des prières.
Certains viennent en famille. Parmi eux, Anon Lim, 58 ans, a fait le voyage exprès depuis le nord du pays.
"Je voulais être au plus près du roi pour prier pour lui", explique-t-il à l'AFP. "Chez moi, il y a toujours eu une photo du roi. Il fait partie de ma vie", ajoute l'homme, qui précise être "plus attaché à la personne du roi qu'au système monarchique".
Plus vieux monarque en exercice avec 70 ans sur le trône, le roi Bhumibol Adulyadej a un statut de demi-dieu, héritage de décennies de culte de la personnalité.
Le palais a publié mercredi soir un bulletin de santé inquiétant concernant le roi de 88 ans, renforçant les craintes après une journée de spéculations où la foule s'était déjà réunie pour prier devant l'hôpital.
Il est "sous assistance respiratoire" et "sous thérapie de remplacement rénal" et souffre d'une "nouvelle infection", selon ce bulletin diffusé à la télévision nationale.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Thaïlandais avaient remplacé leur photo de profil par une image en jaune et rose, disant "longue vie au roi".
Le hashtag #longlivetheking était aussi très employé par les internautes, pour envoyer leurs prières virtuelles.
La princesse Ubolratana, la fille aînée du roi, a quant à elle posté sur Instagram un coeur jaune sur fond rose, disant son amour pour son père.
Le roi du Bhoutan, Jigme Khesar Namgel Wangchuk, a aussi annoncé sur sa page Facebook que des prières seraient organisées "dans tous les temples" du Bhoutan pour le roi Bhumibol. Et les musulmans de Thaïlande prieront pour lui lors de la prière du vendredi.
- Ciment d'une nation divisée -
Jeudi matin, le chef de la junte était au siège du gouvernement, mais n'a pas fait d'apparition publique. Aucune confirmation n'a pu être obtenue jusqu'ici de sa rencontre avec le prince héritier Maha Vajiralongkorn.
"La Nation unie pour sa majesté le roi", titrait en Une le journal anglophone The Bangkok Post.
La question de la succession royale est taboue en Thaïlande, en raison du statut quasi divin du roi Bhumibol et des incertitudes quant à la personnalité de son fils.
Le palais a multiplié ces dernières semaines les bulletins de santé, le précédent, dimanche, ayant notamment affolé la Bourse de Bangkok.
La Bourse de Bangkok était en baisse jeudi dans la matinée, à -1,27%, comme c'est le cas depuis plusieurs jours.
Hospitalisé quasiment en continu depuis deux ans, le roi a aussi été soigné récemment pour une infection pulmonaire, des problèmes cardiaques et de l'hydrocéphalie.
Le monarque thaïlandais n'a pas de pouvoir politique mais est souvent considéré comme le seul ciment d'une nation très divisée politiquement, où le sujet de la succession est extrêmement sensible.
Ses portraits sont omniprésents à travers le pays et le culte de la personnalité a encore été renforcé depuis le coup d'Etat du 22 mai 2014, réalisé au nom de la défense de la monarchie.
Même si les Thaïlandais savent leur roi très malade depuis des années, il conserve son statut d'image tutélaire protectrice, très important dans cette société bouddhiste.
Les dix dernières années de son règne ont cependant été marqués par une très grande instabilité politique.
Elites ultra-royalistes (identifiées comme les "jaunes", la couleur de la royauté) et partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra (qui ont pour symbole le rouges) s'affrontent.
Thaksin, vu comme une menace à la royauté par les élites conservatrices, a été renversé par un coup d'Etat en 2006.
Sa soeur Yingluck a réussi à revenir au pouvoir dès que des élections ont été organisées. Elle a été à son tour renversée en 2014 par une armée soucieuse de verrouiller la scène politique à l'approche de la succession.
Le cabinet de consultants BMI Research s'inquiétait cette semaine dans une note à ses clients de l'impact économique d'"une longue période de deuil" de plusieurs semaines.
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