Quel rôle pour le Parlement dans le processus du Brexit? La question domine le débat politique au Royaume-Uni où de nombreux députés, qui pour la majorité étaient opposés à une sortie de l'Union européenne, espèrent toujours avoir leur mot à dire.
Certains militent, sans grand espoir, pour un vote au Parlement avant même l'activation de l'article 50 du traité de Lisbonne, qui lancera formellement la procédure de divorce avec Bruxelles et que Theresa May prévoit de déclencher d'ici la fin mars 2017.
D'autres appellent à un vote sur l'accord final au bout des deux ans de négociations prévues.
Theresa May, elle, continue à marteler que le verdict du peuple est irrévocable et que la mise en œuvre du Brexit est une prérogative de l'exécutif ne requérant pas l'approbation du Parlement.
Elle a cependant fait un petit pas en direction des députés mercredi en acceptant qu'ils examinent régulièrement sa stratégie sur la sortie de l'UE.
Encouragée par cette perspective, la livre Sterling a repris un peu de vigueur mercredi dans les échanges, après avoir atteint la semaine dernière un plus bas en 31 ans face au dollar.
-'Une farce'-
Le gouvernement a ainsi validé une motion déposée par le parti d'opposition travailliste appelant à donner au Parlement les moyens d'"examiner comme il se doit" la stratégie de Mme May.
A travers un amendement, l'exécutif l'a cependant assortie de deux conditions: ce contrôle ne devra pas remettre en cause le résultat du référendum du 23 juin ni nuire aux négociations sur la sortie de l'UE.
"Soyons clairs: autant nous saluons le fait que le Parlement puisse scruter le processus du Brexit, autant il ne faut pas que cela soit utilisé pour saper les négociations du gouvernement ou entraver la procédure de sortie" de l'UE, a averti le ministre du Brexit, David Davis.
Il a par ailleurs qualifié de "farce" la volonté du Labour de mettre le gouvernement au défi de répondre à 170 questions sur le Brexit, soit une par jour jusqu'à la fin mars.
Plutôt que des bancs de l'Assemblée, la menace pour le gouvernement pourrait venir des tribunaux, alors que les plus hauts magistrats d'Angleterre vont se pencher à partir de jeudi sur des recours contre la décision de lancer la procédure du Brexit sans consulter le Parlement.
-'Ils veulent tuer le Brexit'-
Ces recours ont été introduits par un coiffeur de 37 ans, Deir Dos Santos, la co-fondatrice du gestionnaire de fonds SCM Direct, Gina Miller un groupe se faisant appeler "citoyens ordinaires", ou encore un expatrié en France.
Theresa May les accuse de viser en à faire annuler le résultat du référendum. "Ils ne veulent pas que le Brexit se passe bien, ils veulent le tuer en le retardant", a-t-elle dénoncé.
Des débats au Parlement pourraient en effet prendre des mois, et retarder d'autant le processus.
Les plaignants estiment, eux, que le référendum était "consultatif" et doit être avalisé par les élus, ou encore que seul le Parlement peut défaire des droits accordés aux Britanniques en tant que citoyens européens.
"C'est le Parlement qui nous a fait entrer dans l'Union européenne et seul lui peut nous en faire sortir", explique l'un de leurs avocats, John Halford.
L'audience devant la Haute Cour de Londres doit durer trois jours. La décision des juges n'est pas attendue avant plusieurs semaines.
Le perdant fera certainement appel, estiment les analystes, qui s'attendent à ce que le cas atterrisse alors directement devant la Cour suprême.
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