Les diplomaties russe et américaine, qui ont officiellement "suspendu" le 3 octobre leur dialogue bilatéral sur la Syrie, ont annoncé mercredi deux réunions internationales: la première samedi à Lausanne et la seconde dimanche à Londres.
Dans la ville suisse, les deux ministres des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, devraient être encadrés par leurs homologues de pays du Golfe et de la Turquie.
Ils "discuteront d'une approche multilatérale pour résoudre la crise en Syrie, notamment une cessation durable de la violence et la reprise de l'aide humanitaire", a précisé le département d'Etat américain.
A Moscou, le président russe "Vladimir Poutine a exprimé l'espoir que la rencontre prévue le 15 octobre à Lausanne entre les chefs de la diplomatie russe, américaine et plusieurs pays-clés de la région, sera productive afin de contribuer réellement à la résolution" du conflit syrien, selon un communiqué du Kremlin.
Interrogé par CNN, M. Lavrov a confirmé que les discussions en Suisse devraient se dérouler en présence de la Turquie, de l'Arabie saoudite et peut-être du Qatar, trois pays qui soutiennent l'opposition syrienne. Mais ni Moscou, ni Washington n'ont confirmé la présence de l'Iran, acteur fondamental de la crise syrienne et allié du président Bachar al-Assad.
- Dialogue intersyrien gelé -
A l'ONU, on ne savait pas non plus si l'envoyé spécial pour la Syrie Staffan de Mistura serait présent à Lausanne. Un porte-parole des Nations unies s'est borné à dire que ces énièmes pourparlers visaient à "explorer la manière de relancer des discussions cruciales pour trouver une solution politique" en Syrie.
L'ONU est chargée de mettre sur pied à Genève un processus de transition politique entre le régime syrien et son opposition modérée, mais le dialogue est totalement gelé depuis des mois.
Au lendemain de Lausanne, John Kerry se rendra dimanche à Londres pour retrouver ses "partenaires internationaux", c'est à dire très probablement ses homologues des puissances européennes, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France.
Lors d'une conversation téléphonique mercredi, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont exhorté le président Poutine à oeuvrer en faveur d'un cessez-le-feu en Syrie, malgré des échecs répétés pour imposer une trêve des combats.
La tension entre Moscou et les Occidentaux est au plus haut et le chef du Kremlin, qui a dû annuler une visite à Paris la semaine prochaine après les conditions posées par son homologue français, a martelé mercredi que nul ne réussirait à "isoler" la Russie.
- 'Hystérie antirusse' -
Samedi dernier, le climat diplomatique international sur la Syrie s'était encore alourdi avec un veto russe à une résolution française au Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce texte avait pour but de pousser Moscou à opposer son veto, a accusé Vladimir Poutine. "Et pour quoi faire ? Pour envenimer la situation et attiser l'hystérie antirusse", a-t-il tonné lors d'un forum économique à Moscou.
Lausanne marquera la première entrevue entre MM. Kerry et Lavrov depuis le gel de leurs négociations, décidé il y a dix jours par Washington dans la foulée de l'échec le 19 septembre d'une trêve en Syrie qu'ils avaient initiée et qui n'a duré qu'une semaine.
Les deux puissances se sont depuis accusées de l'échec des négociations sur la Syrie. John Kerry était même allé jusqu'à menacer Moscou et son allié syrien d'une enquête pour "crimes de guerre" pour le déluge de feu déversé sur Alep.
Mais le dialogue américano-russe sur la Syrie ne s'est jamais vraiment arrêté, MM. Kerry et Lavrov ayant continué à se téléphoner ces derniers jours. Le département d'Etat a concédé mardi que la "suspension" des discussions Washington-Moscou ne durerait "pas éternellement".
Sur le terrain, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie visant des zones rebelles d'Alep ont tué au moins sept personnes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mardi, 27 personnes dont quatre enfants ont été tués dans des bombardements alors que la Russie a intensifié ses raids sur Alep-est en soutien à une opération de l'armée du régime pour reprendre un secteur rebelle de la deuxième ville du pays, selon l'OSDH.
Depuis mars 2011, ce terrible conflit syrien s'est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes, la fuite de millions d'autres et la pire tragédie humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.
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