Le Conseil législatif (LegCo) se réunissait pour la première fois depuis les législatives de septembre, qui ont été marquées par l'élection d'une poignée de candidats demandant une plus grande autonomie vis-à-vis de la Chine, deux ans après les grandes manifestations prodémocratie de l'automne 2014.
Hong Kong jouit d'une semi-autonomie, en vertu du principe "Un pays, deux systèmes", qui avait présidé à la rétrocession à Pékin du petit territoire du sud de la Chine en 1997.
L'accord qui avait été conclu entre Londres et Pékin préserve pendant 50 ans sur le papier pour l'ancienne colonie britannique des libertés inconnues dans le reste de la Chine. Mais de nombreux Hongkongais pensent qu'un durcissement de la mainmise chinoise est à l'oeuvre.
Chaque élu du LegCo est censé lire une brève déclaration avant de pouvoir officiellement siéger. Le texte stipule plusieurs fois que Hong Kong est "une région administrative spéciale" de la Chine.
L'exécutif hongkongais avait averti les élus que toute entorse au texte officiel pourrait leur interdire de siéger.
Ancien leader des manifestations de 2014, Nathan Law, le plus jeune élu âgé seulement de 23 ans, a prononcé un discours passionné avant de prêter serment.
"Vous pouvez m'enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps. Mais vous ne pourrez jamais emprisonner mon âme", a-t-il lancé.
- Le mot 'Chine' écorché -
Le jeune homme, qui milite pour l'autodétermination de Hong Kong, a ostensiblement changé de ton chaque fois qu'il a eu à prononcer le mot "Chine" lors de sa prestation de serment.
De leur côté, deux députés indépendantistes, Baggio Leung et Yau Wai-ching, se sont engagés, avant de prêter serment, à servir "la nation hongkongaise".
Tous deux ont systématiquement écorché dans leur serment le mot "Chine", et arboraient un drapeau proclamant: "Hong Kong n'est pas la Chine".
Eddie Chu, qui demande un référendum sur la souveraineté future de Hong Kong, a crié après sa prestation de serment: "Autodétermination démocratique! Mort à la tyrannie!"
Lau Siu-lai, une enseignante également largement impliquée dans le mouvement des Parapluies, a fait sensation en prononçant le plus lentement possible son serment, suscitant les huées de députés prochinois qui ont finalement quitté l'assemblée.
Un autre a agrémenté sa prestation de serment de roulements de tambour.
Un greffier du LegCo a indiqué à M. Leung, Mme Yau et un autre élu qu'il ne pouvait acter leur serment car ils l'avaient modifié.
On ignore ce qu'en sera l'implication pour la capacité des trois à siéger. Les règles gouvernementales indiquent que leur cas doit être transmis au président du LegCo, appelé à être élu mercredi.
Dans un communiqué, le gouvernement avait auparavant rappelé un texte de loi stipulant que "quiconque refuse ou néglige la prestation du serment requis doit laisser son siège ou être disqualifié".
Baggio Leung a balayé cette hypothèse, expliquant à l'AFP qu'il n'y avait "aucune raison" de le disqualifier.
La session a été suspendue dans l'après-midi quand Nathan Law a refusé de regagner son siège, alors qu'il demandait des comptes sur les réserves émises par le greffier du LegCo.
Malgré une mobilisation très forte et pour l'essentiel pacifique, destinée à réclamer un véritable suffrage universel pour l'élection du chef du gouvernement hongkongais en 2017, Pékin avait en 2014 refusé de céder le moindre centimètre carré de terrain.
La Chine avait averti au moment des législatives de septembre qu'elle ne tolèrerait pas que l'indépendance soit discutée "dans et en dehors" du LegCo.
Le gouvernement local, accusé d'être la marionnette de Pékin, avait interdit aux indépendantistes les plus virulents de se présenter aux législatives. En raison d'un système électoral favorable à Pékin, l'establishment a toujours 40 sièges contre 30 au camp prodémocratie au sein du LegCo.
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