Pour le deuxième acte de cette campagne qui ne dit pas son nom, l'ancien ministre de l’Économie de François Hollande a ciblé la capitale de la Sarthe, terre de gauche communiste puis socialiste depuis 40 ans, afin de décliner des thèmes de proximité aux contours de programme pour l'élection présidentielle.
M. Macron n'a pas manqué mardi de répéter qu'il ne lançait pour l'instant que des "pistes de réflexion", en attendant des "propositions" plus rodées, en "novembre, décembre" selon son entourage.
S'il s'agit surtout de rappeler ainsi qu'il n'est pas officiellement candidat, la coquetterie sémantique paraîtrait presque dérisoire à l'écoute de la fière revendication des "85.000 adhérents, 4.000 donateurs" pour le mouvement "En marche !".
Ou à la mise en avant, par un message vidéo, du soutien appuyé du député européen centriste Jean Arthuis (un ancien ministre d'Alain Juppé), en préambule à deux heures de discours conclu par un révélateur: "je me tiendrai à vos côtés jusqu'au bout".
Devant un petit millier de personnes et quelques figures politiques, dont le sénateur-maire (PS) du Mans Jean-Claude Boulard qui l'a accompagné toute la journée, M. Macron a développé dans la soirée ses fameuses "pistes" livrées un peu plus tôt à la presse.
Cette fois, exit la sombre "France qui subit" victime d'un "malaise démocratique", selon l'examen réalisé mardi dernier à Strasbourg. Place à la "France qui choisit" car il s'agit désormais pour M. Macron d'extirper les Français d'un "modèle social" dépassé, incapable de répondre aux besoins d'une réalité protéiforme.
"Si c'est cela le système, eh bien je suis contre le système", a-t-il même clamé entre deux salves de "Macron président" venues de la salle, tout en s'indignant contre ceux qui pensent que "tout peut être régenté depuis Paris".
- Une Loi travail plus radicale -
Parmi la large palette de solutions brassées par M. Macron, une déclinaison plus accentuée de l'actuelle Loi travail, déjà très contestée dans la rue .
"Le changement de paradigme que je propose est un basculement beaucoup plus radical", a-t-il affirmé, en épinglant les "contraintes qui ne sont pas adaptées à l'entreprise, à la branche" d'activité, et les "normes qui enferment, cadenassent et bien souvent font une victime qui est le plus jeune, le moins qualifié".
"Si on fait cela, cela suppose de réarmer les individus dans ce dialogue", a-t-il poursuivi. "C'est-à-dire qu'on ne les laisse pas dans un face-à-face avec le chef d'entreprise mais on donne un vrai pouvoir de négociation aux syndicats."
L'ancien ministre a également insisté sur les "droits individuels plus forts" dont devront disposer les salariés, notamment en termes de "formation professionnelle".
Les thèmes de la sécurité, de l'éducation, du logement ou encore de la santé ont également été abordés.
Sur ces sujets, M. Macron a évoqué pêle-mêle un "renseignement territorial à rebâtir", la reformation d'une "police de proximité", la nécessité de construire massivement de "nouveaux logements" dans les "zones les plus denses" ou encore la "réinstauration de l'évaluation des compétences à la fin du CM2", alors qu'"un enfant sur cinq ne sait pas lire, écrire ou compter" à l'entrée au collège.
L'ancien ministre a aussi distillé quelques piques après avoir essuyé des tirs croisés nourris ces derniers jours venant de toutes parts.
En se concentrant surtout sur les candidats à la primaire de droite, il a ainsi moqué "les référendums sortis du chapeau" de Nicolas Sarkozy et s'en est pris avec virulence à sa proposition d'interner les fichiers S. Il a aussi raillé "ceux qui ont fait 200, 300 propositions et se sentent obligés d'en proposer une 201e, une 202e, pour occuper l'espace médiatique."
Mardi prochain, M. Macron exposera le troisième et dernier volet de son diagnostic à Montpellier, où les sujets de la "vie ensemble, l'intégration", seront décortiqués.
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