Cette "salle de consommation de drogue à moindre risque" (SCMR), selon l'appellation exacte, est une première en France où l'expérimentation est très attendue par les associations de lutte contre la toxicomanie.
La salle, qui sera visitée par la maire et la ministre en petit comité, accueillera vendredi après-midi ses premiers usagers, sans autre publicité.
Avec le lancement de cette expérimentation, la France rejoint les nombreux pays (Allemagne, Australie, Canada, Espagne, Danemark, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Suisse) où de tels espaces ont fait la preuve de leur efficacité ces dernières années.
Ouverte de 13h30 à 20h30 chaque jour et aménagée sur 450 m2 dans l'enceinte même de l'hôpital avec une entrée séparée, la salle comprend un accueil, une salle d'attente et une salle de consommation.
Elle pourra accueillir chaque jour une centaine de personnes, obligatoirement majeures. Une vingtaine de médecins, infirmiers, éducateurs, assistants sociaux et agents de sécurité seront à leur disposition.
L'ouverture de cette salle, dans le cadre d'une expérimentation de six ans, est permise par la loi santé adoptée en décembre dernier par le Parlement.
Ces salles sont réservées aux toxicomanes majeurs qui s'injectent des produits qu'ils apportent eux-mêmes, sous la supervision de personnes qualifiées, avec du matériel stérile.
Strasbourg a également annoncé l'ouverture prochaine d'une SCMR au sein du Nouvel Hôpital civil et Bordeaux est également candidate.
- Le quartier le plus touché de Paris -
La salle parisienne sera dirigée par l'association Gaia Paris, implantée sur la capitale depuis plus de 10 ans et gérant déjà deux programmes à destination des toxicomanes, échanges de seringues ou centre de soins et d'accueil dans un minibus.
Le quartier de la gare du Nord, derrière laquelle se trouve Lariboisière, est le quartier le plus touché de Paris par la consommation de drogue. Dès 1995, des distributeurs de seringues y ont été implantés.
Le Conseil de Paris a voté en mars dernier l'attribution d'une subvention de 850.000 euros pour ouvrir cette salle. Son fonctionnement sera en revanche assuré par la Sécurité Sociale.
Ces salles, demandées depuis des années en France par les associations et une partie du corps médical, sont très contestées par d'autres spécialistes qui les jugent contre-productives ou des riverains qui craignent des troubles de voisinage.
L'initiative parisienne est également critiquée à droite. Lundi, lors du point de presse hebdomadaire du parti Les Républicains, une des porte-parole, Brigitte Kuster, a pointé "le risque d'un encouragement de la présence des dealers".
Un autre porte-parole, Philippe Juvin, médecin anesthésiste, a affirmé qu'il y a en France "un système très organisé de substitution" avec un médicament comme le Subutex. "Nous n'attendons aucun effet bénéfique d'une salle de shoot", a-t-il ajouté.
Dimanche sur France Inter, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate LR à la primaire de la droite, s'était prononcée "contre". "Dans la salle de shoot, il n'y a pas de thérapies. Ce qui est proposé, c'est d'avoir une amélioration sanitaire" mais "pas d'accompagnement pour pouvoir s'en sortir", avait ajouté l'élue parisienne.
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