"Les délégations du gouvernement et l'ELN avons décidé d'installer le 27 octobre à Quito la table publique des conversations", selon un communiqué lu par les deux parties au siège du ministère vénézuélien des Affaires étrangères, à Caracas.
A Bogota, le président colombien Juan Manuel Santos, qui a reçu vendredi le prix Nobel de la paix pour ses efforts en vue de la fin du conflit armé, a aussitôt réagi en affirmant qu'avec ces négociations avec l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), "ce sera une paix complète" en Colombie.
"Avec la guérilla de l'ELN, nous cherchons, depuis près de trois ans, une négociation pour mettre fin aussi au conflit avec eux. Et aujourd'hui, nous avons une bonne nouvelle (...) maintenant que nous avançons avec l'ELN (...) Ce sera une paix complète!", a déclaré le chef de l'Etat, dans une allocution depuis le palais présidentiel Casa de Narino.
A partir du 27 octobre, les deux camps s'engagent à tout faire "pour créer un environnement favorable à la paix", une nouvelle encourageante huit jours après le rejet inattendu par référendum de l'accord de paix signé le 26 septembre avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la plus ancienne et la plus importante du pays.
- Une avancée vers la paix -
Dès lundi matin, des sources proches des deux parties avaient précisé à l'AFP que l'"annonce importante", programmée à Caracas, serait "en relation avec une avancée dans les dialogues de paix avec l'ELN".
L'optimisme avait gagné du terrain au fil de la journée, avec la libération d'un otage civil, remis au CICR (Comité international de la Croix-Rouge) dans le département d'Arauca, à la frontière du Venezuela.
Selon l'église catholique, il s'agit de Nelson Alarcon, enlevé il y a trois mois.
C'est le troisième otage que l'ELN relâche en deux semaines, sur les quatre qu'elle détenait d'après des estimations officielles.
Cette guérilla inspirée de la révolution cubaine, qui compte encore 1.500 combattants contre environ 5.765 pour les Farc, avait entamé en janvier 2014 des conversations secrètes avec les autorités colombiennes, peut-être encouragées par le dialogue mené publiquement à La Havane entre les Farc et le gouvernement, depuis novembre 2012.
Fin mars, l'ELN et le gouvernement avaient annoncé l'ouverture d'un dialogue public, mais sans donner de date. Son ouverture avait été retardée par le refus de l'ELN de libérer tous ses otages, condition posée par M. Santos.
Cette barrière semble désormais levée: dans le texte lu à Caracas, l'ELN s'engage à "initier le processus de libération des otages avant le 27 octobre".
- Encore un ou deux otages? -
"Deux cas" sont évoqués, sans plus de précision, alors que les sources officielles estiment que la guérilla retiendrait encore un otage: l'ancien député Odin Sanchez, qui s'était lui-même rendu à l'ELN en avril en échange de son frère malade.
Sans même attendre la confirmation officielle lundi soir, le commandant en chef des Farc, Rodrigo Londono, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jimenez ou Timochenko, avait exprimé dans la journée son soutien à ce processus.
"#DelegaciónELNPaz (Délégation de paix de l'ELN) compte avec notre soutien militant et solidaire. Beaucoup de succès dans ce processus qu'ils entament aujourd'hui", a-t-il tweeté.
"Le moment est venu de rassembler tous les efforts pour bâtir la paix", ont indiqué les Farc par la suite.
L'accord signé entre le gouvernement colombien et les Farc, nées en 1964 peu avant l'ELN et comme elle d'une insurrection paysanne, est en suspens depuis son rejet le 2 octobre lors d'un référendum, marqué par une abstention record de plus de 62%.
Lundi soir, M. Santos, dont le gouvernement multiplie les réunions avec les partisans du "Non" et parallèlement avec les Farc à Cuba afin de relancer l'accord, a appelé à un dialogue "fructueux", en demandant de "ne pas présenter des propositions impossibles", de "ne pas retarder" les discussions, et de "partir de deux bases fondamentales: réalisme et vérité".
La Colombie est déchirée depuis plus d'un demi-siècle par un conflit armé complexe qui, au fil des décennies, a impliqué plusieurs guérillas d'extrême gauche, des milice paramilitaires d'extrême droite et les forces armées, faisant plus de 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
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