"Je célèbre le fait qu'un Syrien livre une personne soupçonnée de terrorisme. Et vous Pegida et les autres ?" a raillé Julia Frick sur Twitter, en référence à ce mouvement qui organise depuis deux ans des manifestations contre les réfugiés et les musulmans.
Jaber Albakr a été livré pieds et poings liés dans la nuit de dimanche à lundi par trois Syriens qui l'ont hébergé dans leur appartement à Leipzig avant de réaliser qu'il s'agissait de l'homme recherché par toutes les polices du pays depuis samedi.
"Il a essayé de nous soudoyer avec de l'argent. Nous lui avons dit qu'il pouvait nous donner autant d'argent qu'il voulait, nous ne le laisserions jamais partir", a témoigné l'un d'eux, Mohamed A., auprès de la chaîne de télévision allemande RTL, lors d'une interview filmée de dos, l'homme affirmant craindre d'éventuelles représailles.
"J'étais vraiment en colère contre lui, je ne peux pas accepter ça, surtout ici en Allemagne, le pays qui nous a ouvert ses portes", a-t-il ajouté, ses propos étant traduits de l'arabe en allemand par RTL.
C'est lui qui, selon la chaîne, avait été abordé par un Jaber Albakr aux abois à la gare de Leipzig, qui demandait à être hébergé.
Une photo diffusée par RTL montre le suspect sur un canapé, les pieds ligotés à l'aide d'une rallonge électrique tandis qu'un des Syriens le tient immobile par derrière.
- Un signal très positif -
Une fois le suspect maîtrisé, l'un d'eux s'est rendu dans un commissariat pour le dénoncer en apportant aux policiers une photo prise sur un téléphone portable.
"C'est précisément le genre de comportement citoyen que promeuvent le (parti de droite populiste, NDLR) AfD et Pegida", a ironisé Florian Flade sur Twitter.
"Terroriste arrêté: Pegida et les autres: 0, réfugiés: 1", a lancé un autre utilisateur de ce réseau social.
L'arrestation de ce Syrien de 22 ans, qui était très proche de commettre un attentat, apparemment pour le compte du groupe État islamique (EI) selon la police, a relancé le débat sur le contrôle des réfugiés, dont quelque 890.000 sont arrivés en Allemagne l'an dernier. Et ce d'autant plus que le pays a connu en juillet deux attentats commis par des réfugiés et revendiqués par l'EI.
Mais l'aide décisive apportée par ces trois Syriens à la police représentait pour beaucoup la preuve que les amalgames n'ont pas lieu d'être.
"C'est un signal très positif qui montre que tous (les réfugiés) ne doivent pas être soupçonnés", s'est ainsi réjoui un dirigeant du syndicat de policiers BDK, Sebastian Fiedler.
Qualifié de "courageux" et "responsable" par le chef du gouvernement de Saxe Stanislaw Tillich, la région où s'est déroulée la chasse à l'homme ce weekend, le Syrien qui a prévenu la police a même été félicité lundi par la chancelière Angela Merkel.
Par la voix d'une porte-parole, celle-ci a exprimé sa "gratitude à l'égard du Syrien qui a informé la police sur la présence du suspect et apporté ainsi une contribution décisive à son arrestation".
"C'est un héros", a déclaré à l'AFP l'un de ses voisins, Jihad Darwish, un Syrien de 47 ans. "J'aurais fait la même chose", a-t-il assuré, avant de conclure: "tous les Syriens ne sont pas comme" Jaber Albakr.
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