Première rencontre amicale entre les anciens ennemis de la guerre froide depuis 47 ans, ce match se voulait surtout l'illustration de la nouvelle relation entre La Havane et Washington, engagés depuis fin 2014 dans un spectaculaire rapprochement.
Et encore une fois, ce sont les Etats-Unis qui l'ont emporté, comme quasiment à chaque fois depuis 1947, date de la première - et ultime - victoire de Cuba contre "Team USA". Mais cette fois le score fut opportunément honorable pour les Cubains, ne troublant pas le climat de réconciliation ambiant.
Dans l'antre cubaine décatie de Pedro Marrero, et sur une pelouse tristement pelée et bosselée, la rencontre mit une heure à basculer: c'est seulement à la 62e minute que le vétéran de San José Chris Wondolowski ouvrit le score après une frappe de l'espoir du Bayern Munich Julian Green repoussée par Sandy Sanchez.
Puis le même Green, 21 ans, très actif sur le côté gauche de l'attaque américaine, scella la rencontre (72e) d'une reprise du gauche à bout portant sur un service de... Wondolowski.
A l'issue de la rencontre, le soulagement du sélectionneur des Etats-Unis Jürgen Klinsmann était visible: il n'a pas eu à déplorer de blessés en pleine préparation pour le dernier tour des qualifications de la Concacaf en vue de la Coupe du Monde 2018.
"Personne, même Dieu, ne pourrait perfectionner la technique d'un athlète sur un tel terrain", pestait dans les gradins le professeur de culture physique de 54 ans Manuel Diaz.
"C'est complètement inégal, le football ici est très mauvais", regrettait-il, se disant toutefois très heureux d'assister à un tel évènement.
De fait, l'écart était patent sur la pelouse entre le 22e au classement Fifa et le 193e, dont les jeunes joueurs n'ont pas démérité bien que manquant de percussion et de lucidité en fin de match.
- 'Pas de complexe' -
Mais l'intérêt de la rencontre était ailleurs. Dans l'ambiance bon enfant des gradins clairsemés, par exemple, où les supporters des deux pays chantaient ensemble, brandissant pour certains le drapeau de l'adversaire, conscients de vivre un petit moment d'histoire.
Jill Biden, épouse du vice-président américain Joe Biden, a même apporté un soupçon de solennité à l'évènement, venant serrer les mains des 22 acteurs sous les yeux des quelque 7.000 spectateurs.
Peu auparavant, la télévision cubaine avait diffusé un message d'encouragement de la légende argentine Diego Maradona, grand ami de Cuba et de Fidel Castro, retiré du pouvoir depuis 10 ans.
Sous la chaleur étouffante de cette fin de saison humide, les jeunes Cubains, très remuants et appliqués, ont failli faire illusion en première partie de match, malgré l'ampleur de la tâche.
Et lorsque la frappe tendue de Mayquel Reyes, du club mexicain de Cruz Azul, heurta le poteau à la 57e minute, les spectateurs se prenaient à y croire.
Mais la tendance fut rapidement renversée, confirmant les propos d'avant-match du capitaine cubain Daniel Diaz, qui avouait ne pas comprendre pourquoi les Etats-Unis "écrasent toujours" Cuba.
"On n'a pas gagné mais on s'est bien comportés sur le terrain, sans complexes, face à un adversaire bien supérieur", a ensuite analysé devant la presse le milieu de terrain cubain Josel Piedra.
En tribune, on préférait philosopher sur les nouveaux liens entre deux pays dont les côtes sont distantes d'à peine 200 kilomètres.
"Oui c'est politique, mais ces évènements amicaux permettent de rafraîchir les relations" entre ex-ennemis, positivait Abraham Garcia, un diplomate américain de 47 ans en poste à La Havane.
"Je suis convaincu que le sport peut bâtir des ponts, ça a toujours été le cas. Il n'y a pas meilleur moyen de rapprocher des gens qui peuvent avoir des cultures politiques, des philosophies et des manières de penser différentes", résumait de son côté Jürgen Klinsmann après le coup de sifflet final.
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