Les trois derniers mois de baisse de la mortalité routière avaient permis d'infléchir la tendance depuis le début de l'année (-0,1% par rapport à 2015). Mais les 335 morts de septembre (78 de plus que lors du même mois en 2015) ont inversé la courbe: entre janvier et septembre, 2.558 personnes ont été tuées, soit 76 de plus que sur la même période de l'an dernier (+3,1%).
La hausse de septembre "est à mettre en regard de la comparaison statistique avec un mois de septembre 2015 exceptionnel qui avait connu une baisse très forte du nombre de personnes tuées sur les routes", -17,4%, "en partie en raison de conditions météorologiques très défavorables, marquées par de fortes pluies et inondations", souligne l'Office national interministériel de la sécurité routière.
Mais cet effet climatique ponctuel n'estompe pas les craintes de beaucoup d'acteurs de la sécurité routière.
Après douze années de baisse, la France a vu le nombre de morts sur les routes repartir à la hausse en 2014 (+3,5% par rapport à 2013), et la tendance s'était poursuivie en 2015 (3.464 personnes tuées, +2,4% par rapport à 2014). Deux années consécutives de hausse de la mortalité routière constituaient une première depuis 35 ans. Pour trouver trois années consécutives, il faut remonter à 1972.
Pour tenter d'enrayer la hausse, le gouvernement a lancé deux plans successifs l'an dernier, en janvier puis en octobre, avec notamment l'interdiction du kit mains libres au volant, l'abaissement du taux d'alcoolémie pour les conducteurs novices et l'augmentation du nombre de radars (500 supplémentaires en trois ans et 10.000 radars "leurres").
- 'Garder le cap' -
Plusieurs mesures ont déjà fait l'objet de décrets, et onze autres doivent être examinées la semaine prochaine à l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi sur la Justice du XXIe siècle.
Parmi elles, l'obligation pour les patrons d'identifier les salariés pris en infraction au volant d'un véhicule d'entreprise, l'extension du champ de la vidéo-verbalisation (ceinture, téléphone au volant) ou la création d'un fichier des véhicules assurés.
"Ces mesures vont finir par produire un effet, il faut garder le cap", assure à l'AFP le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe, en affirmant sa "détermination" à finir l'année sur une baisse. "Il faut aussi que les Français prennent tous conscience de leur comportement."
"S'il y a un relâchement des comportements c'est parce qu'il n'y a pas de contrôle! Les gens sont sensibles à la peur du gendarme", rétorque Jehanne Collard, avocate spécialisée dans la défense des victimes de la route. "C'est désespérant. Comment un président ou un Premier ministre peut tolérer une telle situation?", lance-t-elle, en estimant que "si le gouvernement n'agit pas, c'est parce que c'est électoralement négatif".
Beaucoup redoutent une funeste année. "Si rien ne change, on y va tout droit", soupire la présidente de la Ligue contre la violence routière Chantal Perrichon: "Nous payons le prix fort parce qu'il y a une absence de volonté et de courage politiques."
Outre son credo de réduire à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires sans séparateur central, ce qui permettrait selon elle de sauver 400 vies par an, elle réclame "l'interdiction des outils permettant de signaler les radars et les contrôles de police".
L'association 40 millions d'automobilistes appelle, elle, au "calme" face au "yoyo des bilans mensuels". "Je ne me réjouis pas qu'il y ait eu autant de morts, mais un coup ça monte, un coup ça baisse. Il faut regarder des tendances plus longues", souligne son directeur général Pierre Chasseray, convaincu que l'année 2016 finira sur une baisse.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.