La Russie, qui soutient militairement l'offensive du régime contre les insurgés à Alep, a demandé une réunion d'urgence pour entendre un compte-rendu de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, qui s'en était pris jeudi à Moscou et s'était alarmé d'une possible destruction totale des quartiers rebelles d'ici janvier.
Staffan de Mistura, qui doit s'exprimer par vidéoconférence depuis Genève à partir de 14H00 GMT, avait suggéré que Moscou bombardait sans discernement les zones rebelles de la ville où habitent plus de 250.000 personnes pour tenter d'éradiquer seulement quelques centaines de jihadistes.
Appuyé par l'aviation russe, le régime de Damas a lancé il y a deux semaines une offensive de grande envergure pour reprendre les quartiers rebelles d'Alep, une ville divisée depuis 2012 entre prorégimes à l'ouest et insurgés à l'est et devenue un front crucial du conflit qui déchire la Syrie depuis 2011.
Depuis, les forces progouvernementales ont progressé dans la zone rebelle ravagée par des bombardements d'une extrême violence qui ont tué des centaines de personnes et détruit des infrastructures civiles avant de se calmer en intensité ces derniers jours.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), elles ont pris vendredi une colline dans le quartier de Cheikh Saïd, située dans le sud de la ville. Mais les rebelles y ont parallèlement repris quelques positions qu'ils avaient perdues il y a quelques jours.
Des affrontements avaient par ailleurs lieu dans les quartiers de Salaheddine, Boustane al-Bacha et Souleimane al-Halabi, qui se trouvent sur la ligne de démarcation.
D'après la télévision d'État, quatre personnes ont été tuées vendredi par des tirs de roquettes de groupes rebelles sur la partie gouvernementale d'Alep.
Elle a aussi fait état de gens quittant la zone rebelle mais n'a pas donné de détails ni montré d'images. Selon le correspondant de l'AFP à Alep-Est, il n'y a aucun signe de tels départs et les habitants ont souvent exprimé leur peur de rejoindre la partie gouvernementale de la ville.
- Raidissement diplomatique -
Dans un entretien à une chaîne danoise diffusé jeudi, le président syrien Bachar al-Assad a nié que ses forces aient délibérément ciblé des infrastructures sanitaires ou restreint l'aide aux civils à Alep, comme les en accusent les rebelles et les Occidentaux qui ont parlé de "crimes de guerre".
La dégradation de la situation dans la deuxième ville de Syrie a en effet entraîné un raidissement diplomatique, notamment entre Moscou et Washington.
Les États-Unis ont interrompu leur discussion avec la Russie sur le rétablissement d'un cessez-le-feu en Syrie, où le conflit a fait plus de 300.000 morts et forcé plus de dix millions de personnes -soit la moitié de la population- à quitter leurs foyers.
Mais la France tente de reprendre le flambeau en poussant un projet de résolution au Conseil de sécurité, sur lequel Moscou s'est déclaré "prêt à travailler" en posant toutefois des conditions.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault se rendait vendredi à Washington dans le cadre de ce projet de résolution, qui prévoit un cessez-le-feu à Alep pour permettre un accès humanitaire à la population assiégée.
Jeudi, M. de Mistura avait évoqué une autre piste diplomatique: il avait demandé aux combattants de l'organisation jihadiste Front Fateh al-Cham (ex Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) de quitter l'est d'Alep et au régime syrien et à la Russie de déclarer la suspension des bombardements après leur départ.
Face à la catastrophe humanitaire en cours à Alep-Est, qui n'a plus reçu d'aide depuis deux mois, le président américain Barack Obama pourrait opter pour de nouvelles sanctions à l'encontre de Damas et de son allié russe, selon des diplomates et des responsables américains.
Une stratégie est encore en cours d'élaboration mais son premier volet pourrait passer par des sanctions onusiennes visant des personnes impliquées dans des attaques chimiques. L'ONU a déjà établi la responsabilité de Damas dans deux attaques chimiques dans le nord de la Syrie en 2014 et 2015.
Si cette voie onusienne échoue, Washington pourrait choisir une action concertée avec les Européens et d'autres alliés mais une implication militaire américaine à Alep ne semble pas à l'ordre du jour, selon des responsables américains.
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