- Une date est-elle fixée? -
Le calendrier est gardé soigneusement confidentiel. Manuel Valls a seulement assuré le weekend dernier que le démantèlement se ferait "dans les prochaines semaines". Mais selon le Défenseur des droits Jacques Toubon, "la destruction de la totalité des camps et des installations en dur pourrait débuter le 17 octobre", une date confirmée par plusieurs sources proches du dossier comme objectif pour les préparatifs.
Le calage est en cours. Les pouvoirs publics attendent d'avoir en stock les 8.200 places d'hébergement qui leur manquaient pour appuyer sur le bouton. Entre 6.000 et 7.600 ont été identifiées, assurent plusieurs sources proches du dossier. Mais "il faut que ce soit dans des endroits où il n'y aura pas de difficulté politique", prévient l'une d'elles, afin d'éviter que, comme à Allex (Drôme) par exemple, manifestations et menaces de référendum n'empoisonnent le processus.
- Comment les choses se passeront-elles le jour J? -
Les modalités dépendent en partie de facteurs mouvants comme le nombre de personnes à évacuer, la présence de militants No Borders... Mais il s'agira d'une opération sous très haute surveillance: les forces de l'ordre devraient déployer "27 unités mobiles, en comptant les dix déjà sur place", selon une source policière.
Logistiquement, l'idée est d'aller vite et d'achever ce démantèlement "en une semaine maximum", souligne une source proche du dossier. Là aussi des moyens importants devraient être déployés, avec "entre 50 et 60 bus" mobilisés.
L'Etat part du principe que l'essentiel des migrants seront volontaires pour partir en Centre d'accueil et d'orientation (CAO), comme en attestent les files d'attente actuelles devant les bus -- un phénomène similaire à celui observé à Paris lors des évacuations de campements.
Différence notable à Calais toutefois: une partie des migrants espère passer en Grande-Bretagne, et risque de renâcler à partir à l'autre bout de la France. Quitteront-ils le campement avant l'opération, comme le laisse penser la baisse du nombre de repas distribués sur place? Tenteront-ils de rester malgré tout? Dans ce cas, "il existe des outils légaux, comme l'assignation à résidence", souligne une autre source. Le ministère de l'Intérieur communique abondamment, ces dernières semaines, sur les expulsions d'étrangers en situation irrégulière depuis Calais.
- Que restera-t-il sur place? -
L'idée est, à terme, de démanteler totalement la "Jungle", y compris les containers installés par les pouvoirs publics, souligne une source. "Si on laisse ne serait-ce qu'une cabane, le camp renaîtra aussitôt", explique une autre.
Mais rien ne garantit que de petits campements ne réapparaîtront pas sur la côte, comme cela a été le cas depuis Sangatte au début des années 2000. "Calais restera Calais, c'est-à-dire le point d'entrée le plus facile pour rallier la Grande-Bretagne", souligne un observateur.
- Quels sont les risques? -
"C'est une opération risquée, politiquement, juridiquement et logistiquement, avec beaucoup d'inconnues", analyse une source proche du dossier. "Au moindre incident grave, le démantèlement peut être interrompu", ajoute une autre.
François Hollande a promis de revenir avec son gouvernement une fois le démantèlement achevé.
Jacques Toubon a dit jeudi ses "inquiétudes les plus vives" sur les conditions du démantèlement.
Celui de la partie sud, en début d'année, avait déjà été émaillé d'incidents, lorsque des Iraniens s'étaient cousu les lèvres ou que des tentes avaient brûlé.
Sur le front juridique, le Conseil d'Etat se penche vendredi sur la légalité de la fermeture de 72 commerces informels: s'il refuse, l'Etat devra laisser ces échoppes sur la "Jungle", ce qui compliquerait l'opération.
Une autre inconnue vient du sort des mineurs, notamment isolés: ils ne peuvent être placés en CAO ni en centre de rétention administrative et beaucoup souhaitent gagner la Grande-Bretagne -- d'où la nécessité de s'assurer la coopération des Britanniques. Ou de leur trouver un point de chute en France.
L'ouverture du centre de pré-accueil de migrants parisien, enfin, si elle s'avère concomitante, pourrait compliquer la donne, souligne un observateur, puisqu'il orientera aussi des migrants vers des CAO.
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