Autrefois il y avait des prêtres-ouvriers, maintenant il y a des écrivains-ouvriers. Jean-Pierre Levaray en était un. Et il est toujours un véritable écrivain.
Son style clair, net, va à l'essentiel. Chaque mot est bien calé dans la phrase, juste à sa place, comme les palettes alignées dans un hangar.
Jean-Pierre Levaray raconte ce qu'il connaît, ce qu'il a vécu, l'usine.
Bons et mauvais moments
L'écrivain décrit le travail posté, les pannes du matériel, les petits chefs qui se donnent des airs de grands pontes.
Il se souvient des collègues : Alain qui écoute Radio-Classique dans son chariot élévateur, Schmitt qui a fui l'Allemagne nazie, le père Leroy, "vieux communiste bougon", et tant d'autres.
Il évoque l'atmosphère particulière du travail de nuit "lorsque les chefs ne sont pas là et qu'on a l'impression d'avoir l'usine rien que pour nous".
Pour la séquence nostalgie, il y a quelques rares moments de grâce : quand il s'agit de monter en haut du four pour admirer le feu d'artifice du 14 juillet, ou le départ de l'Armada, qui sont "des petits moments hors du temps, piqués au patron", se souvient-il.
Le danger omniprésent
La sécurité "s'efface devant les décisions économiques". Tout fonctionne sur le pari que tout se passera bien. Le danger ne représentait d'ailleurs qu'une vague menace dans l'esprit des ouvriers, jusqu'à la catastrophe d'AZF qui a déclenché une véritable prise de conscience.
Jean-Pierre Levaray saupoudre son récit des mots Germinal, Enfer, Cayenne, "Les temps modernes" de Chaplin.
Il s'agit de tenir, écrit-il, "Tenir jusqu'à la retraite".
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Pratique. "Pour en finir avec l'usine" de Jean-Levaray - 174 pages - Les Editions Libertaires
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