Avec une vingtaine de dispositifs qui coexistent, le paysage de l'accès des jeunes à l'emploi constitue un "système particulièrement complexe" dont le coût est "élevé et croissant", résume la Cour.
En 2015, l'Etat, les collectivités et les opérateurs leur ont consacré 10,5 milliards d'euros: 5,95 milliards pour l'alternance, 2 milliards pour les contrats aidés, 1,45 milliard pour les dispositifs d'accompagnement et 1 milliard pour le retour en formation des jeunes demandeurs d'emploi.
Mais "les résultats obtenus du point de vue de l'accès à un emploi durable ne sont à la mesure ni des objectifs affichés, ni des moyens mobilisés", assènent les sages de la rue Cambon.
- Les contrats aidés dans le collimateur -
Dans leur collimateur: les contrats aidés, "outils les plus onéreux".
Selon la Cour, leurs bons taux d'accès à l'emploi - 67% dans le secteur marchand et 52% dans le non marchand pour les moins de 28 ans - résultent "d'importants effets d'aubaine" et d'un "ciblage insuffisant" vers les plus en difficulté. Autre faille: seuls 23% des anciens bénéficiaires déclarent avoir suivi la formation prévue dans leur contrat.
La Cour des comptes recommande de "redéployer progressivement" les crédits des contrats aidés du secteur non marchand vers la Garantie jeunes, les dispositifs de deuxième chance et l'alternance.
Elle préconise en outre de "réduire la durée des contrats aidés" et de "les recentrer" sur les jeunes les plus éloignés de l'emploi, notamment les 750.000 d'entre eux qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET, 14,6% des 18-24 ans en 2013), ainsi que les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville, dont le taux de chômage grimpe à 45%.
"Nous avons ciblé (les contrats aidés) en direction des personnes les plus éloignées de l'emploi", s'est défendue Myriam El Khomri mercredi lors d'une rencontre avec les journalistes de l'information sociale (Ajis). La ministre du Travail a mis en valeur des contrats qui "permettent, au-delà d'une insertion, de redonner confiance en soi, d'améliorer les compétences".
Sur les emplois d'avenir en particulier, mesure phare du gouvernement en faveur des jeunes, Mme El Khomri a cité une étude de la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) qui sera publiée prochainement selon laquelle "trois jeunes sur quatre ont bénéficié de formation" dans le cadre de leur contrat.
- Bon point pour la Garantie jeunes -
Seules trouvent grâce aux yeux des sages la Garantie jeunes et les "écoles de la deuxième chance". Ces dispositifs, "les plus intensifs et courts", sont "plus efficaces en termes d'accès à l'emploi que l'accompagnement de longue durée mis en œuvre par Pôle emploi ou les missions locales".
La Garantie jeunes, qui offre pendant un an une allocation et un accompagnement renforcé vers l'emploi aux jeunes les plus précaires, affiche un taux de sorties vers l'emploi de 49,9%. Le dispositif sera généralisé en 2017.
Quant aux écoles de la deuxième chance, leur taux d'accès à l'emploi n'est certes que de 37%, mais honorable, le dispositif s'adressant quasi exclusivement aux jeunes les moins qualifiés.
A moins d'un an de la fin du quinquennat de François Hollande, qui devait donner la "priorité à la jeunesse", le chômage touche toujours 23,7% des jeunes actifs en métropole, contre 9,6% de l'ensemble de la population active. Les jeunes salariés sont particulièrement touchés par le temps partiel (un sur quatre), les CDD et l'intérim (un sur trois), et sont souvent rémunérés au Smic (35% des smicards sont des jeunes).
Myriam El Khomri a lancé fin septembre une concertation sur l'insertion professionnelle des jeunes avec les organisations syndicales, patronales et de jeunesse. Les discussions déboucheront sur un "diagnostic" en fin d'année, qui doit servir de base à une hypothétique négociation entre partenaires sociaux.
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