. L'effet Marseille
C'était le 5 avril 2015. Un tifo monumental dans toutes les tribunes du Vélodrome, 65.000 spectateurs chauffés à blanc pour la réception du Paris SG, dans un match crucial dans la course au titre. André-Pierre Gignac est immortalisé par les caméras de Canal+ à son arrivée sur la pelouse, contemplant le stade avec un sourire tout à la fois incrédule et admiratif.
Depuis, l'international français et la quasi totalité de ses équipiers ce soir-là ont quitté l'OM, comme l'entraîneur iconique Marcelo Bielsa. Et le nouveau Vélodrome est devenu le symbole de la désaffection des supporters français pour le championnat de France. Cette saison, la fréquentation moyenne du stade après huit journées plafonne à 30.290 spectateurs, contre 42.015 sur l'ensemble de la saison précédente, déjà très décevante sportivement, et 53.130 en 2014-15.
Les affluences globales de la L1 "à l'issue de la 7e journée sont à -9% par rapport à l'année dernière, ce qui fait 140.000 personnes de moins", dont les deux tiers sont liés à la fréquentation du Vélodrome, a expliqué vendredi dernier le directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP), Didier Quillot. Après la 8e journée, avec un derby Lyon-ASSE attractif et un OM en déplacement, la différence n'était plus que de -5,2% par rapport à la saison dernière.
. Le poids des résultats
"L'affluence est très liée aux résultats sportifs, on voit que l'affluence est en baisse dans les clubs plutôt en-dessous de la 15e place." Marseille est actuellement 14e. A contrario, il y a des stades "qui sont en progression" en terme de fréquentation, comme Toulouse (+30% selon M. Quillot) ou Nice (+40%), où les équipes réussissent un beau début de saison.
La LFP avait lancé une campagne publicitaire mi-août pour "surfer sur l'engouement généré par l'Euro-2016" et augmenter le taux de remplissage des stades. Mais l'objectif fixé -- 1 ou 2% d'augmentation par an -- restait très modeste. "L'état d'urgence s'impose à nous", avançait M. Quillot avant le premier week-end d'octobre. "Le secteur des loisirs en général est en baisse".
. Interdictions de déplacements
Le slogan de la campagne, "j'aime mon club, je vais au stade", avait été parodié par les South Winners marseillais lors de la réception de Lyon, mi-septembre: "J'aime mon club et comme je suis un ultra, on m'interdit d'aller au stade".
La saison dernière, l'état d'urgence et la mobilisation des forces de sécurité ont été mis en avant pour expliquer les interdictions de déplacement de supporters. En tout, 218 rencontres ont fait l'objet d'arrêtés de restriction ou d'interdiction de déplacement, selon un décompte effectué par l'Association nationale des supporters (ANS).
Or, "on va aussi au stade pour l'ambiance, pour le spectacle en tribunes", affirme le président de l'ANS, Pierre Révillon. "Actuellement on a l'exemple de la Beaujoire où on sait qu'il va y avoir une bonne ambiance, parce que la tribune Loire est toujours remplie."
La volonté du Paris SG de renouer avec certains Ultras pour "ambiancer" le Parc des Princes participe du même constat: les supporters font partie du spectacle, comme les fans gallois ou irlandais l'ont montré pendant l'Euro-2016.
. Culture supporter en jachère
Cette volonté d'accorder aux supporters un statut d'acteur à part entière de "l'écosystème football", selon l'expression de M. Quillot, commence à être prise en compte, avec l'influence positive en la matière de la loi Larrivé, qui créé un référent chargé, dans chaque club professionnel, d'assurer les échanges avec les associations de fans.
Reste les particularités d'une "culture française", comme le dit Pierre Révillon, où le foot "reste le sport principal" mais sans générer l'engouement qu'il suscite en Angleterre ou en Allemagne par exemple.
"Il y a énormément de critères qui font qu'on ne se déplace plus: le tarif des places, des matches bien retransmis, des abonnements TV pas forcément chers, le spectacle parfois ennuyeux", égrène-t-il encore. En terme de stars sur la pelouse, PSG excepté, la L1 tient mal la comparaison avec la Liga ou la Premier League.
"Dans les études qu'on a faites, le facteur prix n'intervient pas parmi les raisons qui font que les gens ne vont pas au stade", conclut Didier Quillot. "Ce qui vient en premier, c'est le problème de sécurité, et les performances de l'équipe". Les clubs savent au moins sur quoi ils doivent travailler.
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