Véritable baromètre de l'humeur du marché, la livre décrochait fortement face au dollar et à l'euro.
En début de journée, elle a atteint 87,46 pence pour un euro, son niveau le plus faible depuis début août 2013, et est tombé en début d'après-midi à 1,2834 dollar pour une livre, son niveau le plus faible depuis début juillet dernier, quand elle avait atteint un plus bas depuis juin 1985.
De son côté, la Bourse de Londres prenait près de 1% vers 14H00 GMT, profitant de la baisse de la livre, qui bénéficie aux valeurs des nombreuses multinationales britanniques exportatrices.
La décision de Mme May d'activer "avant fin mars" l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui déclenchera les discussions de sortie de l'Union européenne et ouvre la voie à un Brexit début 2019, tout en étant saluée par les milieux économiques pour apporter un peu de clarté au calendrier visé, a ravivé les incertitudes quant à la complexité des négociations et à leur issue.
Les propos de Mme May, qui a notamment signifié que son pays comptait bien contrôler l'afflux de migrants européens comme le réclament ceux qui ont voté pour le Brexit au référendum du 23 juin, suggèrent que "le Royaume-Uni pourrait être tenté par ce que l'on appelle un +Brexit dur+", soulignait Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group. "C'est-à-dire une séparation sans compromis, qui priverait les milieux d'affaires de toute flexibilité et visibilité".
Bruxelles a averti à maintes reprises Londres que l'accès au marché unique, qui permet les échanges commerciaux sans barrière douanières entre les membres de l'UE, allait de paire avec la libre circulation des travailleurs européens et que le Royaume-Uni ne pouvait espérer avoir l'un sans l'autre.
Pour Holger Schmieding, chef économiste au sein de la banque allemande Berenberg, un "Brexit dur", qui passerait par une forte restriction de l'immigration économique, "risque d'être le plus dommageable pour l'économie britannique sur le long terme".
Le leader du parti libéral-démocrate, Tim Farron, a de son côté estimé que l'annonce de Theresa May constituait un "désastre", susceptible de priver le pays de l'accès à un marché unique, vitale en particulier pour le secteur financier.
- Jusqu'ici tout va bien -
Interrogé lundi matin par la BBC en marge du congrès du parti conservateur à Birmingham (centre de l'Angleterre), le ministre britannique des Finances Philip Hammond a admis que l'économie du Royaume-Uni allait affronter des "turbulences" et des "montagnes russes" lors des négociations à venir.
"Il y aura une période de deux ans, voire peut-être même davantage, où les entreprises seront confrontées à l'incertitude sur la nature finale de notre relation avec l'Union européenne", a-t-il souligné.
La Commission européenne, par la voix de la porte-parole de son président Jean-Claude Juncker, a indiqué que "s'agissant de l'article 50, nous travaillerons constructivement sur la base de la notification, non pas du discours, et tant que la lettre n'est pas arrivée, il n'y aura pas de négociation", contrairement à ce que Theresa May espère.
Pour l'heure cependant, malgré les scénarios catastrophes dessinés par les partisans du maintien dans l'UE, l'économie britannique semble faire preuve d'une grande résistance.
"Il y a encore de l'incertitude mais le ciel n'est pas tombé sur nos têtes, contrairement à certaines prédictions", a observé dimanche dans son discours de Birmingham, Theresa May, citant un certain nombre d'indicateurs encourageants.
La consommation des ménages n'a pas faibli, le chômage n'a pas progressé, au contraire, et le secteur de la construction se porte plutôt bien. M. Hammond a annoncé lundi un plan de 5 milliards de livres pour ce dernier secteur tandis qu'il a décidé d'abandonner l'objectif de son prédécesseur d'équilibrer les comptes du pays d'ici 2019/2020.
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