"Mardi, nous sauverons le site d'Alstom à Belfort", a déclaré dimanche Manuel Valls, promettant "un certain nombre de pistes concrètes" pour maintenir l'activité ferroviaire du site, près d'un mois après l'annonce du transfert en Alsace de la production de locomotives.
M. Valls, invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, a évoqué "le rôle de la commande publique", les investissements d'Alstom, les projets du "TGV du futur", et du "bus du futur".
"Nous restons prudents", a réagi auprès de l'AFP Olivier Kohler, délégué CFDT, qui se dit "très sceptique" quant à "ces bus du futur" : "Alstom peut s'engager dans autre chose que les motrices ferroviaires, mais cela demande aussi un engagement de la part de la direction".
Vendredi, le secrétaire d'État à l'Industrie Christophe Sirugue, qui doit participer à cette "réunion de travail" aux côtés d'élus locaux, du patron d'Alstom Henri Poupart-Lafarge et des syndicats, s'était montré plus mesuré que Manuel Valls. "Je ne vais pas aller à Belfort en disant +Voilà une solution+", avait-il prévenu.
M. Sirurgue avait toutefois indiqué qu'"il y aura(it) forcément des éléments de réponse" à la situation du site franc-comtois, dont 400 des 480 emplois sont menacés.
La direction d'Alstom avait annoncé le 7 septembre son intention de transférer d'ici 2018 la production de locomotives de Belfort, site historique du groupe qui a vu naître le premier TGV, à Reichshoffen (Bas-Rhin). Dans ce scénario, seules les activités de maintenance seraient maintenues à Belfort.
Cette annonce a suscité un branle-bas de combat politique au niveau national et une forte mobilisation locale, dans cette ville de 50.000 habitants où Alstom est installé depuis 1879.
Alors que le dossier d'Alstom Belfort menace de devenir, à l'instar d'ArcelorMittal à Florange, un emblème de l'impuissance de l'Etat face à la désindustrialisation, François Hollande a fixé comme "objectif" le maintien de la production de locomotives à Belfort et demandé au gouvernement de se "mobiliser pour qu'il y ait plus de commandes".
- Diversification -
Si le maire (LR) de Belfort Damien Meslot se réjouit de la venue mardi de Christophe Sirugue, il dit attendre plus qu'une simple réunion : "nous attendons des annonces concernant des commandes publiques et une diversification du site", a-t-il expliqué samedi à l'AFP.
"Nous sommes prêts à nous mobiliser et à investir auprès d'Alstom et du gouvernement via Tandem, la société d'économie mixe patrimoniale qui gère l'aide aux entreprises dans le Territoire de Belfort", a avancé M. Meslot.
Dans l'attente d'éventuelles annonces, Alstom a annulé la réunion du bureau de son comité de groupe européen prévue mardi, à la demande des syndicats, échaudés par deux autres comités centraux d'entreprise qui n'ont permis aucune avancée.
Accusé de "chantage" à l'emploi, le PDG Henri Poupart-Lafarge a souligné la semaine dernière, lors d'une audition devant des députés, qu'il ne voyait, jusqu'à tout récemment, "pas d'issue structurelle" pour le site de Belfort, dans un contexte de baisse d'activité du fret ferroviaire et de "niveau historiquement bas" des commandes de TGV dans l'Hexagone.
Les nombreux succès à l'export d'Asltom ne sont d'aucun secours pour l'usine belfortaine : aux Etats-Unis (28 TGV), en Inde (800 locomotives) et en Afrique du sud (580 trains), la fabrication locale était une condition-clé pour remporter les marchés.
Seule une vingtaine de locomotives et motrices de TGV sortiront cette année de l'usine franc-comtoise, contre 140 en 2008.
En coulisses, le gouvernement active tous les leviers à sa disposition. Après son passage devant les députés, M. Poupart-Lafarge a ainsi été reçu à l'Elysée en compagnie de Martin Bouygues.
Le patron du groupe de BTP possède 20% du capital d'Alstom, dont il a prêté les droits de vote à l'Etat jusqu'à octobre 2017, dans l'espoir de lui vendre ses parts à bon prix.
D'autres pressions sont exercées sur la SNCF, priée de commander six TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan, afun d'assurer quelques mois de travail à l'usine de Belfort.
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