Cette première mondiale avait été initialement dévoilée par le magazine scientifique britannique New Scientist dans sa dernière édition.
Une équipe médicale internationale menée par le Dr John Zhang, du Centre New Hope Fertility à New York, a utilisé une technique inédite de transfert des matériaux génétiques du noyau pour éviter que la mère ne transmette à son enfant des gènes responsables du syndrome de Leigh.
Ce syndrome est un trouble métabolique héréditaire rare qui se caractérise par la dégénérescence du système nerveux central.
Cette technique de conception assistée n'est pas autorisée aux Etats-Unis, ce qui a conduit l'équipe médicale à réaliser cette procédure au Mexique, où l'enfant est venu au monde.
Les médecins ont transféré les matériaux génétiques contenant les chromosomes de la mère dans un ovule d'une donneuse dont les matériaux génétiques avaient été enlevés.
La femme qui a bénéficié de cette technique de procréation assistée avait déjà transmis ses gènes du syndrome de Leigh à ses deux précédents enfants, tous deux morts de cette pathologie. Elle avait aussi fait deux fausses couches.
Dans la mesure où l'ADN mitochondrial est transmis seulement par la mère, cette technologie permet de minimiser la transmission de gènes maternels défectueux, explique l'ASRM.
Elle précise que l'équipe médicale a pu féconder cinq ovules avec du sperme du père, dont quatre étaient viables. Parmi ceux-ci, un était normal et les médecins l'ont réimplanté dans la mère.
"Ces travaux représentent une avancée importante en médecine de la reproduction car les maladies mitochondriales restent un problème important et difficile", a estimé le Dr Owen K. Davis, président de l'ASRM.
"Si d'autres recherches permettent d'établir la sûreté et l'efficacité de cette technique de transfert des matériaux génétiques, on pourrait l'envisager comme une option pour les femmes risquant de transmettre des maladies mitochondriales à leurs enfants", a-t-il ajouté.
- Technique risquée -
La procédure effectuée au Mexique par le Dr Zhang fera l'objet d'une présentation à la conférence annuelle de l'ASRM, qui se tiendra en octobre à Salt Lake City (Utah).
Selon le New Scientist, le petit garçon se prénomme Abrahim Hassan et ses parents sont Jordaniens mais ni le magazine ni l'ASRM n'ont révélé leur identité.
Une autre technique de transfert de l'ADN mitochondrial, autorisée en Grande-Bretagne, avait été rejetée par le couple, de confession musulmane, car cette approche aurait détruit deux embryons, selon l'article du New Scientist.
"Si toutes les données cliniques sont solides cela représente une première pour le traitement de certaines maladies très graves", a souligné le professeur Justin St John, du Centre des maladies génétiques à l'université Monash en Australie.
Mais, a-t-il pointé, "une surveillance étroite et prolongée est nécessaire étant donné le peu d'expériences effectuées avec des modèles animaux appropriés pour évaluer cette technologie".
Selon lui, "vu que cette technologie est controversée et qu'il s'agit d'une première avec des humains, l'équipe de recherche aurait dû soumettre préalablement une étude clinique complète avec toutes les données pour être examinées par des experts".
De nombreux scientifiques pensent que cette technique est "risquée avec des conséquences imprévisibles sur la santé de l'enfant et des futures générations", a prévenu Marcy Darnovsky, directrice du Center for Genetics and Society, une ONG basée à Berkeley, en Californie.
Cette équipe médicale dit ouvertement être allée au Mexique "où il n'existe aucune réglementation" pour échapper aux législations existantes aux Etats-Unis, a-t-elle déploré, jugeant que "cette action irresponsable et non éthique créé un précédent dangereux".
Des embryologistes avaient déjà essayé de créer un bébé en utilisant de l'ADN provenant de trois personnes dans les années 1990, mais ils n'avaient jamais pu déterminer s'il y avait effectivement eu transfert de l'ADN.
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