"Tout le pari de Sarkozy repose sur l’idée que l’électorat français de droite est toujours le plus bête du monde et aspire à le rester. Croire que, élu contre Marine Le Pen, avec comme Premier ministre François Baroin, le déconstructeur de crèches, Nicolas Sarkozy fera une politique de droite relève soit d’une insondable bêtise, soit d’une extrême candeur", déclare le politologue et historien, qui publie jeudi un livre explosif, "La Cause du peuple" (Perrin), où il règle ses comptes avec l'ancien chef de l'Etat.
"Le pire pour la droite, en 2017, ce ne serait pas de perdre : ce serait d’être une nouvelle fois cocue", ajoute cet ancien conseiller, disgracié et condamné pour atteinte à la vie privée après avoir enregistré longuement à son insu l'ex-président.
Voyant en Nicolas Sarkozy et son successeur François Hollande "des nains politiques", il affirme que "les Français ne veulent ni d’un ludion narcissique aux Ray-Ban d’aviateur, ni d’un Félix Faure en scooter en butte, à minuit, au démon de midi".
A ses yeux, "la défaite de Sarkozy à la primaire de la droite entraînera presque automatiquement le renoncement de Hollande à sa propre candidature" et "si Sarkozy sort vainqueur", "on aura droit, à partir de février 2017, à une pyrotechnie politico-judiciaire", avec Hollande en "premier artificier", "depuis l’Élysée".
M. Buisson, qui dit n'éprouver "pas le moins du monde" du "ressentiment" à l'égard de l'ex-président, affirme par ailleurs que "jamais le nombre d’entrées régulières et irrégulières d’immigrés n’aura été aussi élevé que sous le mandat de Nicolas Sarkozy" (2007-2012).
"On a régularisé à tour de bras ! Mais dans le plus grand secret. Plus que sous Jospin (...) mais sans la publicité et la polémique qu’avait suscitées, à l’époque, la circulaire Chevènement", accuse-t-il.
Quant au Front national, il est "socialement nécessaire" car "il offre un exutoire à la souffrance de la France des invisibles", mais "politiquement inutile", souligne M. Buisson. Surtout, "il offre un repoussoir très utile à la classe dirigeante" et "lui permet de se survivre à bon compte". A ses yeux, "paradoxalement, le vote FN est encore la meilleure assurance vie du système".
Interrogé sur les enregistrements clandestins qu'il a faits de Nicolas Sarkozy, il se justifie: "le fait d'enregistrer certains de ces échanges était pour moi une garantie. Celle de pouvoir disposer d’un verbatim fidèle et d’accomplir mon travail en fournissant les arguments et les éléments de langage les plus appropriés".
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