Manipulations contre ses adversaires, phrases assassines de l'ancien président sur ses rivaux... Dans un pavé de 464 pages, sous-titré "L'histoire interdite de la présidence Sarkozy" et dont L'Express publie des extraits, le politologue et historien mêle anecdotes et réflexions, visiblement nourries d'amertume, sur ce "trader de la politique", "moteur à deux temps fonctionnant au mélange d'un discours dur et d'une pratique molle".
Parmi ses confidences, celui qui a été condamné pour atteinte à la vie privée, après avoir enregistré longuement à son insu Nicolas Sarkozy, affirme que ce dernier a laissé, en 2006, "des bandes de blacks et de beurs" agresser des "jeunes blancs" anti-CPE pour reprendre ensuite le contrôle de la situation face à son rival Dominique de Villepin.
A l'époque, alors que la rivalité avec son ministre de l'Intérieur est à son comble, le très populaire Premier ministre Dominique de Villepin veut marquer des points en présentant le Contrat première embauche, mais le projet jette de nombreux jeunes dans la rue et sera finalement enterré. L'une des manifestations, le 26 mars, se termine par des émeutes aux Invalides, à Paris.
"Pour Nicolas Sarkozy, les Invalides furent l'équivalent d'Austerlitz pour Napoléon (...) A tout le moins s'il faut en croire l'histoire qu'il aimait à raconter en petit comité: +Nous avions pris la décision de laisser les bandes de blacks et de beurs agresser les jeunes blancs aux Invalides, tout en informant les photographes de Paris Match de la probabilité de sérieux incidents+", rapporte l'ancien directeur de l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, mis en examen pour l'affaire des sondages de l’Élysée.
M. Buisson fait aussi dire à Nicolas Sarkozy, lors d'une autre manifestation anti-CPE: "On laissera (les casseurs) faire leurs courses chez Darty et à Go Sport". Le ministre de l'Intérieur était ensuite apparu sur les lieux, "fier de montrer à quel point il maîtrisait la situation face à un Premier ministre englué dans un affrontement mortifère avec la jeunesse".
- 'J'ai de quoi faire exploser DSK en plein vol' -
Le conseiller disgracié en 2014 -que certains sarkozystes qualifiaient à l'Elysée de "gourou"- affirme qu'entre les deux tours de la présidentielle de 2007, le candidat Sarkozy lui a demandé: "Appelle (Jean-Marie) Le Pen... Demande-lui ce qu'il veut (...) S'il faut le recevoir maintenant, je le recevrai."
Il assure aussi qu'il avait demandé à ses troupes de "faire remonter une cinquantaine de signatures d'élus au candidat Le Pen" pour qu'il puisse concourir. Et l'ex-chef de l’État aurait affirmé en 2005 devant des proches: "Les valeurs du Front national sont celles de tous les Français."
Réputé avoir la dent dure en privé, Nicolas Sarkozy peut même être assassin si l'on en croit les mots que lui attribue Buisson: Jacques Chirac serait "corrompu", François Fillon "un pauvre type, minable" et Dominique Strauss-Kahn, "un dégoûtant personnage" qu'il avait "de quoi faire exploser en plein vol" en vue de la présidentielle de 2012.
Avec la publication de ces confidences, la journée a été difficile pour M. Sarkozy, dont deux proches, les deux ex-grands flics Bernard Squarcini et Christian Flaesch, étaient toujours en garde vue mardi dans une enquête pour trafic d'influence.
Sollicité mardi par l'AFP, son entourage a dit "n'accorder aucune importance aux propos de Patrick Buisson" en soulignant qu'"à la demande de Nicolas Sarkozy, qui ne l'a plus revu depuis la révélation des enregistrements clandestins, la justice a condamné ses pratiques". "Le crédit à apporter à ses allégations doit donc être vu à l'aune de cette condamnation", insiste-t-on.
Cet homme "ne m'intéresse plus", "ce n'est pas un sujet pour moi", avait lâché dès lundi matin sur Europe 1 Nicolas Sarkozy.
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