Ce décès à Charlotte, dans le sud-est des Etats-Unis, secoue depuis plusieurs jours cette ville de Caroline du Nord et est devenu un enjeu politique à l'approche de la présidentielle de novembre.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des centaines de manifestants se sont encore rassemblés dans les rues de Charlotte, pour la quatrième nuit consécutive. Ils considèrent que la police s'est rendue coupable d'une nouvelle bavure à l'encontre de la communauté noire.
Les manifestants ont défié un couvre-feu imposé par les autorités, marchant vers le quartier-général de la police mais dans une atmosphère plus calme que les jours précédents.
Une manifestation a également regroupé des centaines de personnes à Atlanta, en Géorgie (sud-est), où les protestataires étaient réunis à l'appel de la NAACP, la plus grande organisation de défense des Noirs aux Etats-Unis.
Jusqu'à présent, la police refuse de publier ses images vidéo montrant les circonstances de la mort mardi de Keith Lamont Scott. Elle affirme que l'homme âgé de 43 ans constituait une menace pour les policiers et portait une arme. Sa famille affirme qu'il n'avait qu'un livre à la main.
La vidéo diffusée par la famille a été filmée par l'épouse de la victime, Rakeyia Scott, au moyen de son téléphone portable. Elle ne montre pas le moment où les policiers ont tiré et ne permet pas de conclure si l'homme était armé.
"Ne tirez pas! Ne tirez pas! Il n'est pas armé! Il n'a rien fait!", implore l'épouse, qui se trouve à une dizaine de mètres de la zone où son mari est tenu en joue par plusieurs policiers.
"Lâche ton arme! Lâche ton arme!", ordonne un policier, sans que l'on puisse voir où Keith Scott se trouve exactement.
"Il n'a pas d'arme! Il a un problème cérébral. Il ne va rien vous faire, il vient de prendre ses médicaments!", prévient Rakeyia Scott.
"Keith, ne les laisse pas casser la vitre, sors de la voiture!", crie ensuite la femme à son mari. "Keith, ne fais pas ça! Keith! Sors de la voiture! Ne fais pas ça! Keith!"
Quatre détonations retentissent alors et l'épouse se met à crier : "Vous lui avez tiré dessus? Vous lui avez tiré dessus?"
Rakeyia Scott continue à filmer, son mari étant étendu à plat ventre sur la chaussée, entouré par quatre policiers.
"Voici les policiers qui ont tiré sur mon mari et il y a intérêt à ce qu'il vive, car il ne leur avait rien fait", dit-elle enfin.
- Enjeu de campagne -
La candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton a réclamé sur Twitter que la vidéo de la police - qui a été visionnée par la famille de la victime - soit rendue publique "sans délai".
Vendredi, elle a annoncé repousser un déplacement à Charlotte qu'elle entendait faire ces jours-ci. La maire de la ville, Jennifer Roberts, avait demandé un peu plus tôt aux deux candidats à la présidence de repousser toute éventuelle visite, en évoquant les "ressources très limitées" des forces de sécurité chargées de maintenir l'ordre.
Les manifestations à Charlotte avaient conduit le gouverneur de l'Etat de Caroline du Nord à décréter l'état d'urgence et à appeler en renfort des militaires de la Garde nationale.
Plus largement, ce décès brutal a relancé un débat national sur les abus des forces de l'ordre à l'encontre des Noirs américains.
Keith Scott a perdu la vie quatre jours seulement après qu'un Noir non armé eut été abattu par une policière blanche à Tulsa, dans l'Oklahoma (sud), sous l'oeil des caméras de police.
Au contraire de Charlotte, les autorités de Tulsa ont rapidement rendu publiques les vidéos du drame, et la policière auteure du tir mortel a été inculpée jeudi d'homicide involontaire. Elle a été libérée vendredi contre une caution de 50.000 dollars.
Barack Obama, premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, s'est exprimé brièvement vendredi sur ces événements, alors qu'il s'apprête à inaugurer samedi à Washington un musée dédié à l'histoire afro-américaine: l'ouverture de cet établissement va permettre aux Américains de "replacer certains événements dans un contexte historique", a-t-il espéré.
"Les gens qui voient ce qui se passe à Charlotte et qui visiteront ce musée comprendront mieux les revendications des Noirs, ce qui leur permettra de prendre su recul et "de dire: +je comprends, je compatis+".
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