Cette intensification des bombardements survient alors que l'incertitude demeure sur une nouvelle rencontre à New York pour un rétablissement du cessez-le-feu en Syrie entre les chefs de la diplomatie de la Russie et des Etats-Unis, dont les pays soutiennent des camps opposés dans le conflit et les échanges diplomatiques ont été acrimonieux depuis que la trêve a volé en éclats lundi.
Selon le journaliste de l'AFP dans la partie rebelle d'Alep, les bombardements se succèdent sans discontinuité, les destructions sont considérables et les services de secours totalement impuissants.
Des avions de reconnaissance survolent la zone avant que les bombardiers viennent tirer leurs missiles.
Des immeubles sont entièrement rasés et des habitants se trouvent sous les décombres. Dans le quartier Al-Kallasé, les secouristes, avec seulement un bulldozer et leurs mains, fouillent de manière dérisoire dans les gigantesques amas de décombres engendrés par l'effondrement de trois bâtiments.
Deux centres des "Casques blancs" (les secouristes de l'opposition syrienne) ont été touchés par les bombardements. L'un d'eux est complètement dévasté et une ambulance ainsi qu'une voiture de pompiers sont hors d'usage.
Selon l'Observatoire des droits de l'Homme (OSDH), au moins 27 civils, dont trois enfants ont été tuées dans les bombardements, un bilan qui risque de s'alourdir de nombreuses personnes se trouvant encore sous les décombres.
Dans l'ouest de la province d'Alep, 12 personnes ont été tuées par un raid russe sur le village rebelle de Bechkatine, selon l'OSDH qui fait état aussi état de bombardements aériens ayant fait 11 morts à al-Bab, fief du groupe Etat islamique (EI) dans la province, sans pouvoir déterminer la nationalité des avions.
- 'Alep est attaquée' -
Alep est un objectif stratégique crucial dans un conflit qui a fait 300.000 morts en plus de cinq ans et engendré la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.
L'armée du régime de Bachar al-Assad, qui assiège la partie rebelle de la ville divisée d'Alep quasiment en continu depuis deux mois, veut reconquérir la totalité de l'ancienne capitale économique de Syrie.
Elle a ainsi annoncé tard jeudi le début d'une offensive dans le secteur tenu par les insurgés.
L'armée a appelé les habitants à s'éloigner des positions rebelles et assuré que les civils qui voudraient partir rejoindre le secteur gouvernemental ne seraient pas arrêtés. Des avions ont largué des tracts pour appeler les rebelles à se rendre.
"Nous avons commencé des opérations de reconnaissance et de bombardements aériens et d’artillerie", a affirmé une source militaire de haut niveau. "Elles peuvent durer des heures ou des jours avant une opération terrestre."
"Nous avons frappé dès hier (jeudi) les QG des commandements des terroristes", a précisé cette source, utilisant la rhétorique du régime pour désigner tous ceux qui ont pris les armes contre lui.
Une autre source militaire à Damas a assuré que "le nombre de combattants (du régime) permettait très bien de commencer une opération terrestre car de nombreux renforts sont arrivés à Alep".
"Ce qui se passe, c'est qu'Alep est attaquée et que tout le monde a repris les armes", a déploré jeudi à New York l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
- 'Négociations par le feu' -
Une trêve initiée par Moscou et Washington a pris fin lundi et n'a pas permis de livrer de l'aide humanitaire dans la partie d'Alep assiégée par le régime.
L'ONU a annoncé vendredi envisager une route alternative pour envoyer une aide aux quartiers rebelles d'Alep, affamés et violemment bombardés, alors que 40 camions d'aide humanitaire restent bloqués à la frontière entre la Turquie et la Syrie.
Sur le plan diplomatique, la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) à New York n'a pas permis de rétablir la trêve des combats, avait déploré jeudi M. Kerry en annonçant qu'il reverrait vendredi son homologue russe.
Mais la tenue d'une nouvelle rencontre entre les deux hommes semblait incertaine.
Interrogé vendredi par les journalistes sur un rétablissement du cessez-le-feu, M. Lavrov a répondu: "Demandez aux Américains", tandis qu'un responsable américain a indiqué à l'AFP qu'aucune rencontre n'était prévue pour le moment, mais "cela peut changer".
"Les combats ont commencé aussitôt après l'échec de la réunion du GISS. A Alep, ce sont les négociations par le feu", affirme un analyste proche du régime à Damas.
"Les Américains doivent comprendre que, tant qu'ils n'appliqueront pas leurs engagements (de l'accord de trêve), notamment le fait d'obtenir que les rebelles se distancient des jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), les Russes et l'armée syrienne avanceront", a-t-il ajouté.
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