Au terme de presque un an et demi de rudes négociations entre Paris et New Delhi, le gouvernement de Narendra Modi a sonné la fin d'un feuilleton commercial au centre des relations entre les deux pays.
"Le contrat a été approuvé au cours d'une réunion ce soir. Il sera formellement signé par le ministre français de la Défense et son homologue indien le 23 septembre à New Delhi", a déclaré un responsable du ministère de la Défense indien à l'AFP.
Après des débuts difficiles à l'exportation, le Rafale avait trouvé preneur en 2015 au Qatar et en Egypte. Chacun avait acquis 24 appareils.
Le prix exact de cette nouvelle transaction n'a pas été officiellement dévoilé mais selon la presse indienne ces derniers jours, ce chiffre se situerait à 7,87 milliards d'euros.
- La saga du Rafale en Inde -
Cet accord reste toutefois modeste en comparaison de ce qui avait été qualifié au départ de "contrat du siècle". L'Inde avait à l'origine lancé un appel d'offres pour 126 avions de combat, pour lesquels elle était entrée en négociations exclusives avec Dassault en 2012.
Mais la commande n'avait jamais vu le jour. New Delhi exigeait en effet d'importants transferts de technologies, dans le but de dynamiser son industrie locale, ce qui aurait engendré d'importants surcoûts.
Arrivé au pouvoir en 2014 à la faveur de l'alternance politique, le nouveau Premier ministre indien avait acté de l'échec des tractations et annulé la procédure.
A l'occasion d'un déplacement à Paris en avril 2015, Narendra Modi avait alors annoncé l'intention de son gouvernement d'acheter 36 Rafale prêts à voler, négociés dans le cadre d'un accord d'Etat à Etat.
Ensuite, les négociations s'étaient éternisées.
Même un déplacement du président Hollande à New Delhi en janvier dernier n'avait pu amener les deux parties à tomber d'accord. La France et l'Inde s'étaient alors contentées d'un accord intermédiaire, sans réussir à s'entendre sur les modalités financières.
- Demandes militaires -
L'arrivée des avions de chasse français devrait soulager en partie l'armée indienne. Ses militaires dénoncent de longue date un équipement insuffisant selon eux pour se montrer à la hauteur des défis géopolitiques de la région.
Outre la vieille inimitié avec le voisin pakistanais depuis l'indépendance, l'Inde est confrontée à la montée en puissance et l'affirmation de la Chine sur le continent asiatique.
L'achat de ces Rafale va lui permettre de moderniser sa flotte aérienne vieillissante, pour beaucoup composée d'appareils russes en fin de vie.
Mais cette commande ne palliera pas entièrement les besoins de son armée de l'air. En 2015, elle ne comptait que 35 escadrons de 18 appareils, quand elle estimait en avoir besoin d'au moins 42.
"L'armée indienne a de très lourds besoins de modernisation", explique Corentin Brustlein, responsable des études de sécurité à l'Institut Français des relations internationales (IFRI).
L'Inde "n'est pas sur les mêmes dimensions que l'Egypte ou le Qatar", analyste-t-il, soulignant qu'"au-delà de la vente de ces 36 (Rafale), il y a la perspective d'un contrat encore plus dimensionnant qui ferait vivre Dassault pendant beaucoup plus d'années".
Les exportations d'armements français avaient atteint un record de 16,9 milliards d'euros en 2015, soit plus du double de l'année précédente, grâce aux premiers contrats de vente du chasseur Rafale à l'étranger.
Ce contrat devrait donner un coup de fouet aux échanges commerciaux entre la France et l'Inde. En 2014, dernière année pour laquelle des statistiques étaient disponibles, ceux-ci s'élevaient à 7,9 milliards d'euros.
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