Nicolas Sarkozy se rend mercredi à Calais, toujours confronté à l'afflux de migrants. S'il n'est pas prévu qu'il se rende sur la "Jungle", où plus de 10.000 migrants s'entassent selon les associations (7.000 selon les pouvoirs publics), le sujet s'inscrira en filigrane de sa visite, alors que le gouvernement cherche des milliers de places en régions pour les héberger.
Le président Les Républicains de la région Paca, Christian Estrosi, a été l'un des premiers à réagir après la révélation de ce plan la semaine dernière, affirmant sa "totale opposition" au projet qui reviendrait selon lui "à créer des micro +jungles de Calais+".
Un argument rapidement repris par Laurent Wauquiez, le très droitier président du parti LR par intérim, qui a appelé les maires à la fronde avec une "pétition" lancée vendredi pour dire "non à la création de +jungles+ sur l'ensemble du territoire national".
"Il y aura, avec la politique voulue par le gouvernement, des centaines de Calais sur le territoire national", a de son côté affirmé Guillaume Peltier lors du point-presse hebdomadaire des Républicains ce mardi.
Dans la perspective du démantèlement de la "Jungle" et de l'ouverture du centre de pré-accueil parisien, l'Etat a chiffré à 12.000 le nombre de places nécessaires pour héberger les migrants en Centres d'accueil et d'orientation (CAO), conçus comme un "sas" vers la demande d'asile.
Ces places viendront essentiellement de centres gérés par des grandes entreprises publiques ou des groupes de tourisme social. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et sa collègue du Logement Emmanuelle Cosse ont écrit aux élus ce week-end pour leur promettre que l'ouverture des CAO se ferait en concertation et n'aboutirait pas à la dispersion de "mini-campements".
- 'Silence assourdissant' -
Mais des craintes commencent à s'exprimer dans plusieurs communes (Allex dans la Drôme, Saint-Brévin en Loire-Atlantique...). Et le Front national donne de la voix lui aussi: Steeve Briois, l'un des vice-présidents du FN chargé des "exécutifs locaux", a lancé une association de maires "ma commune sans migrants", expliquant dimanche vouloir "forcer les municipalités à se positionner", notamment à droite, sur ce sujet.
Face à ce durcissement, Bernard Cazeneuve a dénoncé lundi le "mensonge" du Front national et l'"irresponsabilité" de la "droite extrême", "incarnée par M. Wauquiez et par d'autres qui le suivent", l'accusant d'être "dans la fuite en avant".
"La République, ce n'est pas la haine. Ce n'est pas le refus de l'autre, et la République ce n'est pas non plus le mensonge", a-t-il affirmé, en rendant hommage à la "sagesse" des "hommes de toutes sensibilités, de droite de gauche, qui sont de vrais républicains".
Depuis quelques jours, certains à droite prennent leurs distances, notamment chez les élus du nord de la France en prise directe avec le problème.
Le président Les Républicains de la région Haut-de-France, Xavier Bertrand, a ainsi fait valoir lundi que "ce n'était pas une pétition" qui allait "régler les problèmes" à Calais, et a déclaré "attendre des candidats à la primaire" de la droite qu'ils disent "concrètement comment, eux, envisagent le démantèlement et l'après-démantèlement, parce que, pour l'instant, c'est un silence assourdissant".
Si M. Bertrand veut accueillir des migrants dans sa région, c'est sa "parfaite liberté", a rétorqué M. Wauquiez mardi.
Tonalité similaire à M. Bertrand du côté d'Alain Juppé: pour les migrants "qui sont là et qui sont en situation légale", "je ne suis pas hostile à ce qu'on les répartisse sur le territoire national", a affirmé mardi le maire LR de Bordeaux, à condition que cela se fasse "en accord avec les maires" et par "petites unités," pour "éviter l'effet appel d'air".
Laurent Wauquiez "joue avec le feu" a pour sa part fustigé dans La Voix du Nord le président des maires du Nord et sénateur-maire d’Arleux, Patrick Masclet (LR), pour qui "le sujet est trop sensible pour faire de la politique là-dessus".
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