Selon le cadre budgétaire présenté mardi par Bercy, le déficit cumulé de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale sera ramené à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) l'année prochaine, après 3,3% cette année, revenant pour la première fois dans les clous européens depuis 2007.
Ce résultat devrait être atteint à la faveur d'une croissance économique de 1,5%, avec une consommation des ménages en hausse de 1,6% et un investissement des entreprises en progression de 3,5%. Cette prévision est en ligne avec les prévisions de la Banque de France, mais plus optimiste que celle du FMI (1,2%).
Le président François Hollande avait évoqué en juin une possible croissance de 1,7% l'année prochaine, supérieure aux 1,5% annoncés dans le "programme de stabilité". Mais le gouvernement a dû faire marche arrière, au vu des mauvais résultats du printemps (0% de croissance au deuxième trimestre, après 0,7% au premier).
"L'élan pris par la croissance va se poursuivre", a toutefois assuré le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin, en présentant à la presse ces "grands équilibres macroéconomiques". "Depuis le début de l'année, les moteurs internes de notre croissance sont plus vigoureux qu'escompté", a-t-il ajouté.
- "Dérapage" -
Le retour sous la barre des 3% du déficit "est une bonne nouvelle pour la France et pour la zone euro", s'est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, insistant sur la nécessité de respecter les "règles budgétaires communes".
Pour boucler son budget, qui sera présenté le 28 septembre en Conseil des ministres, Bercy a néanmoins dû faire preuve d'imagination. D'autant que le gouvernement a multiplié depuis le début de l'année les annonces de dépenses supplémentaires et les gestes fiscaux, dont une baisse de l'impôt sur le revenu d'un milliard d'euros.
"Ces nouvelles mesures ne mettent en aucun cas en danger la trajectoire de notre solde", a assuré Michel Sapin, en assurant que l'ensemble des nouvelles mesures, dont le coût pour l'Etat est chiffré par Bercy à 5,7 milliards d'euros, "seraient financées".
Selon Bercy, la dette publique devrait ainsi se stabiliser l'an prochain à 96% du PIB contre 96,1% cette année. Le taux de prélèvements obligatoires, malgré les baisses d'impôt prévues pour les ménages et pour les entreprises, devrait pour sa part rester stable, à 44,5% du PIB, au lieu d'une baisse à 44% annoncée au printemps.
"Il n'y aura aucun dérapage des finances publiques dans ce budget, dans tous les cas tant que nous en aurons la responsabilité", a promis Michel Sapin, disant vouloir "rassurer" ses détracteurs.
- "Crédibilité" -
Le gouvernement est critiqué depuis plusieurs semaines par l'opposition, qui lui reproche de jouer sur des "artifices budgétaires", comme la sous-évaluation du coût des dépenses, pour boucler son budget. "Dire que le déficit sera de 2,7% en 2017, c'est bidon!", a ainsi dénoncé François Fillon, candidat à la primaire LR.
Comme la plupart des candidats à droite, l'ancien Premier ministre a prévenu qu'il ne respecterait pas cet engagement en cas de victoire à la présidentielle, accusant le gouvernement d'avoir dissimulé plusieurs milliards d'euros de dépenses non budgétées et jugeant nécessaire de fortes baisses d'impôts.
Il serait "irresponsable de laisser filer le déficit, car ce serait d'abord remettre notre pays dans la dépendance de ses créanciers", s'est agacé en réponse le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert. "La thérapie de choc que certains nous promettent aujourd'hui est un mirage préélectoral", a dénoncé M. Sapin.
La France a déjà obtenu deux délais de deux ans, en 2013 et en 2015, pour repasser sous la barre des 3%. La Commission européenne a exclu début septembre toute nouvelle rallonge pour Paris.
"Tous nos partenaires européens nous attendent là-dessus (...) C'est la condition de notre crédibilité", a mis en garde le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, jugeant "impératif" le respect des engagements pris auprès de Bruxelles.
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